
A n. m i .
xv.
Geofioi de Vendôme
blâmt le pape.
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ï<St H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
plus doux : car dans un fi grand péril il ne faut pas
s’en tenir à la feule rigueur , il faut ufer de condef-
cendance, 5c faire comme dans la tempête, où l’on
jette une partie desmarchandifes pouriauverlerefte.
C ’cftainfi que la charité fe rend foible avec les foi-
bles, 5c fe fait tout à tous, 5c les particuliers ne doivent
pas blâmer la conduite des pafteurs, fi fans préjudice
de la foi & des moeurs ils font ou fouffrent quelque
chofe d’imparfait, pour conferver la vie de leurs
ouailles.
Gcofroi abbé de Vendôme n’étoit pas fi.moderé 5c voici comme il écrivit au pape Pafcal fur ce fujet :
Celui qui étant affis fur la chaire des faints apôtres ,
s’eft privé de leur bienheureux fort agiffant autrement
qu’eu x , doit caifer ce qu’il a fait,& le corriger en pleurant
comme un autre Pierre. Si la crainte de la mort
la fait broncher, cen’eft point uneexeufe pour avoir
fait ce qu’il pou voit éviter en acquérant l’immortalité.
S’il dit que ce n’eft pas la crainte de fa mort, mais
de la mort de fes enfans, c’eft encore une mauvaife
exeufe, puifquc loin de les fauver,il a mis un obfta-
cle à leur falut : car il n’y a point d’exemples des
faints qui nous autorifent à différer une mort utile au
prochain, & qui nous feroitauili-tôt entrer dans la vie
éternelle. Sifaint Paul évita la mort pour un tems,il
ne bleffa point la f o i , 5c n’abandonna pas la vérité.
Ce n’eft donc point par un confeil de juftice ou de
mifericorde, mais par une fuggeftion du démon que
l ’on a' fouftrait à la mort des hommes , qui étant
mortels ne peuvent l’éviter long-tems, 5c qui pou-
voient entrer aufli-tôt dans la vie éternelle avec utilité
pour toute l’églife.' ¿Quand même ils'auroient été
% . . . . . .
L i v r e so i x a h t e -s i x i e’m e ., T
affez lâches pour fe retirer de la porte du paradis cm ■*“"
renonçant à la vérité :c ’étoit à vous de les foutenir. ■ $* IUî"
par vos exhortations & votre exemple , en mourant’
le premier pour la bonne caufe. Et comme cette faute
eft incxcufable, il faut la corriger fans délai ; de
jpcur que l’églife qui femble prête à rendre le dernier,
ioupir, nepériffe entièrement. Ilfourientque l’invef-
dtureeft une hérefic,fuivant la tradition des peres,&
que celui qui l’autonfe eft hérétique. O r , ajoute-t-il,
on peut tolcretlepaftcurs’il eft de-mauvaifes moeurs,
mais non s il erre dans la foi. En ce cas le moindre
des fideles a droit des elever contre lui ; fut-ce un pécheur
public , fût-ce une perfonne infâme.
Cependant Alexis empereur de C . P. aïant anoris XVI-
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ce qui s etoïc pâlie encre le pape & 1 empereur Henri, i’e*wpereur Alexis
envoïa â Rome une ambaiïadcdeperfonnes confide^ àR°m'‘
rables,pour témoigner 5c qu’il étoit fenfiblement affligé Gt^‘
de la prife du pape , des avoit foufferts. Il loiioit 5c mauvais traitemens qu’il
rcmercioit les Romains
davoirréfiftéà Henri,& ajourait qL1e s’il les trouvoit
auifi bien difpofez qu’on lui avoit mandé , il iroit à
Rome lui-meme,ou fon fils Jean,recevoir la couronne
de la main du pape comme les anciens empereurs.
Les Romains lui mandèrent par fes ambaffadeurs
qu ils etoient prêts à le recevoir ; & au mois de Mai
de la même année u iz . ils choifirent environ fix cens
nommes qu ils envoïerent à l’empereur pour le conduire.
On ne fçait a quel deffein Alexis fit cette démarche
, 5c on n en voit aucune fuite.
La niort de Boëmpnd arrivée l’année précédente, &>**. s»kn. ap,
avoit délivré l’empereur Alexis d’un redoutable en- ^
iiemi. Il mourut en Poüille, comme il fe préparait l
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