
59® H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
A n. i 14?* fon traité du précepte & de la difpenfe.
Or encore que l'abbé Pierre défendît autant qu’il
lui étoit pofliblc les pratiques de fon ordre, il nelaifoier.
ta.ziii, A pas de s’appliquer ferieufement à en corriger les
p.Wm , r ^ \ • i I 19 abus. Des 1 annee 11 31. u tint un chapitre général a
Clu gni , où fe trouvèrent deux cens prieurs ôc douze
cens moines, il y augmenta les jeûnes, ôta les con-
verfations & quelques foulagemens du corps accordez
par fes predeceffeurs,imitant lesCifterciens.Toutefois
cédant aux remontrances des freres , il adoucit
en plufieurs points la rigueur de cette reforme. C ’eft
ainfi qu'en parle le moitié Oderic Vital qui avoit affilié
à ce chapitre,
sni. ciug. p. Quatorze ans après, c’eft-à-dire en 1146. l’abbé
Pierre recueillit les ftatuts qu’il avoit faits depuis
vingt-quatre ans qu’il étoit abbé ; ôc les rédigea en
foixante ôc feize articles, où l’on voit la correction
de plufieurs des abus que l’on reprochoit aux moines
de C lu g n i , ôc fur chaque article il rend raifon du
«»■t. 10, changement,. Défenfe de manger de la graille les
supM.ixiii. nonobftant l’ancien ufage. Defenfe d’ufer
d’hypocras, c’ell-à-dire, du vin mêlé de miel &
«■ d’épices. Défenfe de manger de la viande, finonen
*'ï4 maladie. C ’eft que les moines de Clugni fe donnoient
fur ce point autant, ou plus de liberté que les
feculiers, comme on voit par une lettre vehemente
du même abbé à tous les prieurs de l’ordre. Défenfe
ty.if.is. de fe difpenfer du jeûne preferit par la réglé depuis
? la mi-.Septembrejufques au carême, excepté pour
certaines fêtes en petit nombre : au lieu qu’on les
avoit multipliées pour diminuer les jeûnes. Défenfe
de porter des étoffes ôc des fourrures précieufes , qui
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font fpecifiées en particulier. Ordonné de garder le fi-
lence à l’infirmerie , dans la chambre des novices, au
refe&oire Ôc toujours pendant le carême. On retranche
plufieurs menues pratiques qui irétoient plus
ferieufes, parce que les raifons en avoienteeffé. Dé-*
fenfe de recevoir aucun moine dans l’ordre fans la
permiifion de l’abbé de Clugni : parce qu’on rempftf-
foit les maifons de perfonnes inutiles. On ne donnera
l’habit monaltique à perfonne avant l’âge de vingt
ans. On éprouvera les novices au moins pendant un
mois. On rétablira le travail des mains autant qu’il
fera poffible. On voit par les raifons qui font rapportées
de ces reglemens, le relâchement qui s’étoitdéja
introduit dans l’ordre de Clugni.
Quant à la verfion de l’Alcoran l’abbé Pierre la
fit faire en Efpagne , où il étoit allé vifiter les maifons
de fon ordre. Il fit premièrement traduire en latin,
une réfutation des erreurs de Mahomet compo-
fée en Arabe ; ôc parce que Pierre de Tblede , qu’il
employa à faire cette traduction , fçavoit mieux l’arabe
que le latin , il le fie aider par le moine Pierre
fon fecretaife. L’abbé de Clugni fit enfuite traduire
l’Alcoran même, par un Anglois nommé Robert archidiacre
de Pampelune ôc un autre fçavant nommé
Herman de Dalmatie, qu’il trouva l’un & l’autre
en Efpagne, où.ils étudioient l’aftronomie ; ôc les
engagea à ce travail en les payant largement. L’intention
de l’abbé de Clugni fut de fuivre l’exemple-
des peres:qui ne laiffoient de leur tems aucune here-
fie fans la combattre de tout leur pouvoir, ôc la réfuter
par leurs difeours ôc par leurs écrits. Il voulut
combattre de même cette feCte, qui occupoit alors
A n. 1143,
16.17.18.1 za,
iu i z . 16.17. ’
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36. Mr
Bibh Cltfni
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