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A n. u z 8. Ils n’étoient encore que n e u f , quand ces fix d’entre
jM/ioill. admon.
in fipufc. é.Bern.
eux fe prefenterent au concile de T ro y e s , &: y ex-
poferent , autant que leur mémoire leur put fournir,
l’obfervance qu’ils avoient commencé de garder en
ce nouvel ordre militaire. Le concile jugea à propos
de leur.donner une réglé par écrit , afin qu’elle fût
plus fixe & mieux obfervée ; & on ordonna qu ’elle fe-
roit dreffée par l’autorité du pape & du patriarche de
Jerufalem. On en donna la commilfion à S. Bernard,
& i l la fie écrire par un nommé Jean de faint Michel.
Nous avons la réglé , qui porte ce nom diviie en foi-
xante & douze articles ; mais dont plufieurs ont été
ajoutez depuis la multiplication de l’ordre, ôc même
long-tems après. Avec cette réglé , le pape Hono-
rius& le patriarche Eftienne leur ordonnèrent l’habit
blanc : car jufques-là ils n'en avoient point de particulier.
«• *- V o ici les articles de leur réglé, qui paroiffent les
plus originaux. Les chevaliers du Temple entendront
l ’office divin tout entier du jour & de la nuit 1
mais quand leur fervice militaire les empêchera d’y
affilier, ils reciteront treize Pater pour m atines, fept
pour chacune des petites heures, & neuf pour vêpres.
C ’eil que ces bons chevaliers ne favoient pas
*•5* lire. Pour chacun de leurs confrères m orts, ils diront
cent Pater pendant fept jours, & pendant quarante
jours on donnera à un pauvre la portion du mort.
Ils mangeront gras trois fois la femaine, le dimanch
e , le mardi & le jeu di:le s quatre autres jours ils
feront maigre, Sc le vendredi en viandes de Carême •.
c’eft-à-dire , fans oeufs ni laitages. Chaque chevalier
pourra avoir trois chevaux & un écuyer. ils ne chaf-
2 0 . I I . I J.
L i v r e S o i"x a n t ë-Se p t i e’ m e ; 389
feront ni à l’oifeau,ni autrement. Tels furent donc
les commencemens de 1’ ordre des Templiers , le pre-
mier de tous les ordres militaires; & c’eil la première
fois, que l’on a effayé d’allier la vie monafti-
que avec la profeffion des armes. Hugues desPayens
ôc les autres Templiers avoient été envoyez errOcci-
dent par le roi de JerufaJem & les feigneurs de fon
royaume, pour exciter les peuples à venir au fecours
de la terre fainte , principalement au fiege de Damas
qu’ils avoient refolu. Ils revinrent l’année fui-
vante n zp . & amenèrent un grand nombre de no-
bleffa.
Eftienne patriarche de Jerufalem, qui confirma la
réglé des Tem p lie rs , fucceda cette année 112.8. à
Gormond, qui affiegeant un château près de Sidon,
gagna la maladie dont il mourut, après avoir tenu
le fiege de Jerufalem environ dix ans. Eftienne qui
lui fucceda ; étoit du pays Chartrin, noble & parent
du roi Baudoüin. Quoiqu’il eût étudié d an s fajeu -
nefle, il porta les armes, & fut vicomte de Chartres:
enfuite il fe rendit moine à S. Jean de la Vallée en la
même v ille , & en fut abbé. Etant venu en pelerinage
à Jerufalem , il attendoit l’occafion de repaifer en
France, quand il fut élû patriarche de Jerufalem d’un
commun confentement du clergé & du peuple. Il
étoit de bonnes moeurs, mais haut , jaloux de fes
droits , & ferme dans fes refolutions. Dès qu’il fut
facre , il commença à avoir des différends avec le roi,
prétendant que la ville de Joppé lui apparteno.it; &
même Jerufalem depuis la prife d’Afcalon : mais fa
mort termina promtement ces difputes , car il ne
tint le fiege dé Jeruiàlem que deux ans.
C c c iij
A n . i i z8.
«•47.
Guill. VLlll.JjiJt.
e. 15 .
L V I .
Eglife Latine
d’Orient.
Sup. liv. i x v i ,
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