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''r duc de Pologne,qui leuraccordoit la diminution des
l l l S- tributs, & TaiTurance de la paix qu’ils demandoient,
ainii par délibération publique , ils fe fournirent à
recevoir l’évangile.
L’évêque les prêcha & les perfuada d’abattre même
leurs idoles : mais comme la crainte les empêchoit de
le faire de leurs propres mains, il y marcha avec fes
*_■ *»' prêtres & commença à faire détruire les temples des
faux dieux. Les païens voïant qu’il ne leur en arri-
voit aucun mal, conçurent du mépris pour ces dieux,
qui ne pouvoientfe défendre, Si achevèrent de ruiner
*• p les temples. Le principal contenoit de grandes ri-
cheifes qu’ils vouloient donner à Tévêque & à fes.
prêtres : mais il dit : A Dieu ne plaife que nous
nous enrichirions chez vous : nous avons chez nous
en abondance de tous ces biens : prenez plûtôt ceci
pour votre ufage. Et aïant tout purifié par l’eau bc-
nite Si le ligne de la croix ,. il le fit partager entre
eux. Il retint feulement une idole à trois têtes, dont
aïant rompu le corps , il emporta les têtes tenant en-
femble , & les envoïa depuis au pape, comme le trophée
de fa victoire. Il demeura encore trois mois à
Stetin , pour inftruirc , baptifer & établir la reli-
gion.
t. a. Il revint enfuite à V o îlin , dont il trouva l.es habitans
parfaitement bien difpofez à recevoir l’évangile..
Car tandis qu’il étoit à Stetin, ils avoient envoie fe-
cretement des hommes intclligens oblerver ce qui s’y
paffoit ; Si ils leur rapportèrent qu’il n’y avoit ni im-
poftures ni artifice dans la conduite de ces chrétiens ;.
que leur doéfcrine étoit bonne & pure, &c qu’elle avoit
été reçue unanimement à Stetin. L’évêque fut donc
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reçu par ceux de Vollin avec une joïe incroïable ; & ■ -
ils s’efforcèrent de réparer en toutes maniérés les mau- A n . i i z j .
vais traitemens du premier voïage. A peine put-on
fuffirc pendant deux mois d’un travail continuel à
baptifer tous ceux quife préfentoient. Comme Vo llin
étoit au milieu de la Pomeranie , les deux ducs réfo-
lurent d’y établir le iïege épifcopal pour la commodité
d’y prendre le faint crème & le refte de ce que
Tévêque doit donner. Otton pafTa enfuite à Colberg 1. 17.
Si a d’autres villes, particulièrement à Belgrade, aujourd’hui
Belgart, où il mit le terme de fon voïage :
car c’etoit en hiver , & il étoit preifé de retourner à 1.1*.
Bamberg. Il repaffa toutefois aux lieux où il avoit
prêché: dédia les églifes bâties en ion abfence‘ donna
la confirmation & même le baptême à plufieurs qui
n’etoient pas chez eux àfon premier paffage. Comme
on fçavoit qu’il étoit fur fon départ, les peuples ac-
couroïent en foule , eftimant malheureux ceux qui
ne recevroient pas fa bénédiction. Ils faifoient tous
leurs efforts pour le retenir , & lui perfuader d’être
leur évêque, lui promettant une entiere foumiffion -,
Si il l’avoit réfolu lui-même , mais fon clergé l’en
détourna. Il vint par la Pologne, dont le duc lui
donna pendant tout ce voïage tous les témoignages
poifibles d’amitié, Sc nomma pour évêque de Pomeranie
A lb e r t, un de fes trois chapelains, qu’il avoit
envoïez avec Otton. Enfin Otton après une abfence
de près d’un an , revint à Bamberg comme il s’étoit
propofé , avant le dimanche des Rameaux, qui cette
année m i . étoit le quatrième d’Avril. Ce récit c il
tiré de fa vie écrite par un de ceux qui l’accompa-
gnoient en ce voïage.
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