
2.78 H i s t o i r e E c c i .E 5I A s t ï q j ï e . '
d’Allemagne m’a mandé d’aller à Moufon faire la
A.n. ¿119. paix avec lui pour l’utilité de l’églife. Jemcnerai l’archevêque
da Reims, celui de Roiien , 5c quelques
autres de nos freres les évêques que j ’cftime les plus
neceiTaires à cette conférence. Je prie tous les autres
d’attendre ici où je reviendrai au plutôt : priez pour
le bon fuccès de notre voïage. A mon retour j’écou-
terai vos plaintes & vos raifons ; Se Dieu aidant je
vous renvoïerai en paix chacun chez vous. Enfuite
j’irai trouver le roi d’Angleterre mon filleul Se mon
parent, & je l’exhorterai lui Se le comte Thibaud
ion neveu , c’étoit le comte de Champagne , Sc les
autres qui font en différend, de fe faire juftice Se fe
donner la paix à eux Se à leurs fujets; mais je fraperai
d’un terrible anathêmeceux qui ne voudront pasm’é*
coûter, & s’opiniâtreront à troubler la tranquillité
publique,
vi. Le pape parloit ainiî le mardi vingt-uniéme d’OcÆor/
erçace de i r r r r , . , ■, :« M i iioafofl. tobre , lecond jour du concile : Se c etoit par 1 avis
des évêques qu’il avoit réfolu d’aller à la conférence
avec l’empereur. Il leur recommanda pendant ion
abfence, & principalement le jour de la conférence,
d’offrir à Dieu des prières & des facrificcs, Se d’aller
en proceiïîon nuds pieds de l’églife métropolitaine à
$. Rcmi. Il partit le lendemain mercredi, Se le jeudi
il arriva fort fatigué au lieu de la conférence. Le vendredi
il fit venir dans fa chambre les évêques , les
abbez , Se les autres habiles gens qu’il avoit amenez
en grand nombre, & fit lire les deux écrits dreffez de
fo n c e« de la part de l’empereur Se de la fienne. On
commença à les examiner foigneufement ; & fur cette
fJaufc de la promeffe de l’empereur: Je renonce à toute
L i v r e s o i x a n t e -s e p t i E’m ê . 175
tnveiliture de toutes les églifes, les évêques dirent :
Si le roi agit Amplement, ces paroles fuffifent : mais AN
s’il veut chicaner, cet article auroit befoin d’explication,
de peur qu’il ne veuille revendiquer les anciens
domaines des eglifes, ou en inveftir les évêques de
nouveau. Dansl’écritdu pape ils pefoient cette claufe :
Je donne une vraie paix au roi Se à tous ceux qui ont
été ou font avec lui dans cette guerre. Sous ce nom
de paix ils craignoient qu’on n’entendît quelque
choie de plus que la communion de l’églife ; Se qu’oil
ne voulût faire recevoir les évêques intrus ou légitimement
dépofez.
Après cet examen on envoïa au camp de l’empereur
l’évêque d’O Îlie, le cardinal Jean de Creme, l’évêque
de Viv ie rs , l ’évêque de Chaalons Se l’abbé de'
Clugni : quand ils furent arrivez , ils montrèrent les
écrits Si déterminèrent les claufes, comme on étoit
convenu. D ’abord l’empereur nia qu’il eût rien promis
de tout cela : mais l’évêque de Chaalons dit avec
vigueur : Je fuis prêt à jurer fur des reliques ou fur
l’évangile, que vous l’avez promis entre mes mains.
L ’empereur convaincu par le témoignage de tous les=
affiilans, fut contraint de l’avoüer ; mais il fe plai-
gnoit qu’on lui avoit fait promettre ce qu’il ne pouvoir
executer fins diminution de fon autorité roïale;
L’évêque lui répondit : Seigneur, vous nous trouverez'
entièrement fideles à nos promeffes. Car le pape ne
prétend diminuer en rien vôtre autorité , comme
difent quelques femeurs de difeordes : au contraire il
déclare publiquement que tous vous doivent fervir à'
la guerre & en tour te relie , comme ils ont accoutumé
de vous iervir vous 6c vos prédeceffeurs. Mais il