A n . 1 131.
Sup. liv, lXVI.
».
V I I I .
Le pape Innocent
a S. Denis.
Suger, vita Lud»
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414 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Le roi Lothaire voulant profiter de l'occafion, pref-
fa le pape de lui rendre les inveftitures, que l'empereur
Henri fon predeceffeur avoit cedées avec les diffi-
eultez que nous avons vûës. Les Romains pâlirent à
cette propofition : croyant avoir trouvé à Liege un
plus grand péril, que celui qu’ils avoient évité à
Rome : ils ne fçavoient quel parti prendre , quand
S- Bernard qui étoit prefent, s’oppofa hardiment à la
prétention du roi, montra la malignité de la propofition
, 8c appaifa le différend avec une autorité mer-
veilleufe.
De Liege le pape revint en France, 8c célébra à
l’abbaye de S. Denis la fête de Pâques, qui cette année
1131. étoit le dix-neuvjéme d’Avr i l . Il y arriva le
mercredi delà femaine fainte ; 8c l ’abbé Suger alla le
recevoir en proceflion avec fa communauté. Le pape
officia le jeudi faint félon l ’ufage Romain, 8c fit une
largeffe magnifique nommée le preibytere : il fit auffi
l ’office du vendredi faint 8c celui du famedi , veillant
toute la nuit. Le dimanche dès le grand matin il paffa
par dehors comme en fecret à S. Denis de l’Eftrée
avec ceux de fa fuite : là ils fe revêtirent à la Ro maine
, 8c le pape fortit monté for un cheval blanc
orné d’une houffe , 8c portant en tête la tiare en broderie
avec un cercle d’or : ceux de fa fuite mar-?
çhoient auffi à cheval deux à deux avec des manteaux,
8c leurs chevaux étoient couverts de houffes
blanches. Les barons vaffaux de l’églife de S. Denis',
& les châtelains marehoient à pied 8c fervoient d’é-
cuyers au p ap e , menant fon cheval par la bride ,
quelques-uns marehoient devant 8c jettoient de la
iïionnoye en abpndance pour écarter la foule. La rue
étoff
L i v r e So i x a n t e - H u i t i e ’m e : 4x5
étoit tapiffée, les nobles 8c le peuple venoient au devant
par honneur : il n’y eut pas jufques aux Juifs de
Paris, q u i n’y vinffent. Et comme ils préfenterent
au pape le livre de la loi en rouleau 8c couvert d’un
voile , il leur dit : Plaife au Dieu tout-puiffant d o-
ter le voile de vos coeurs. Il arriva ainfi à la grande
églife parée de fes plus riches ornemens , 8c où
brilloient de tous cotez l’or 8c les pierreries, 8c il célébra
folcmnellement la meffe affifté de l’abbé 8c des
moines. Après quoi le pape 8c fa fuite allèrent dîner
dans le c loî t re, qui étoic capiffé, 8c où on avoit drefle
des tables : d’abord ils mangèrent un agneau , étant
comme couchez à l ’antique , le refte du feftin fe fit à
l ’ordinaire. Le lendemain la proceffion alla de S. Remi
à la grande églife. Après avoir ainfi paffé les trois
jours d’après Pâques ils v inrent à Paris , où le Pape
rendit au roi fes a&ions de grâces, 8c le roi lui promit
aide 8c confeil.
Le pape continua de vifiter les églifes de France,
foppléant à fes befoins de leur abondance : ce qui leur
fut une grande charge : car il menoit avec lui les officiers
de la cour de Rome 8c quantité de c l iens , 8c ne
pouvoit rien tirer des revenus du faint fiege en Italie.
Il féjourna quelque tems à Compiegne, 8c paffa en
France toute l’année 1131.
Il convoqua un concile à Reims pourla faint Luc ,
où il appella tous les prélats de l’Occident : mais
comme on s’y préparoit, il arriva à Paris un accident
bien funefte. Le roi Louis le Gros avoit fait couronner
le quatorzième d’Avr i l 1119. Philippe fon fils
aine, bien-fait 8c de grande efperânce. Ce jeune 1
prince courant par diverciffement dans les rues après
Tome X I V . H h h
A N . 1 1 3 1 .
IX.
Concile de
Reims.
Suger vita Lud, 318.
Order, lib, 13.
>.855.
Chr. Maurin.
377.