
A n. 1145.
Otto Frif. i .
Frid. c. 14.
Tom, x. conc»
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Zug. e fift. 8.
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Le pape àRo-
me.
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d u H i s t o i r e E c c e e s i a s t iqjue.'
des églifes ou à des particuliers, en cas que leurs fei-
gneurs ne veüillent, ou ne puiflent leur prêter de
l ’argent. Au relie il exhorte les croifez à ne point porter
d’habits précieux, 3e ne point mener des chiens ou
d’oifeaux pour la chaffe, ni tout ce qui ne fert qu’au
plaifir.
Avant que cette lettre fut apportée en France , le
roi avoir déjà refolu de fe croiler , pour accomplir le
voeu qu’avoit fait Philippe fon frere aîné , 8e que (a
mort imprévue l’avoic empêché d’accomplir. Il déclara
ce dellein à quelques-uns des feigneurs de fa
cour, qui lui confeillercntd’appeller faine Bernard &
le confulter. Le faint abbé répondit, qu’il ne faloit
rien refoudre fur une affaire de cette importance fans
avoir confulté le pape. Le roi déclara encore fon def-
fein aux évêques 8e aux feigneurs, dans la cour qu’il
tint à Bourges à la fête de Noël 1145. Geofroi évêque
de Langres y parla avec tant de force fur la prife
d’Edeife, qu’il tira les larmes des afïiflans; 8e les exhorta
a le croifer avec le roi, qui les y excitoit aiTez
par fon exemple. Pour cet eifet on indiqua une autre
alfemblée à Vezelaipourla fête de Pâque prochaine,
afin d’y refoudre la croifade plus folemnellement :
cependant le roi envoya au pape, pour l’inftruire de
ce qui s’étoit pafle. En cette alfemblée de Bourges
Samfon archevêque de Reims donna la couronne
au roi, fuivant lacoûtumedes grandes fêtes : dequoi
Pierre archevêque de Bourges fe plaignit au pape,
comme d’une entreprife fur fes droits. •
Cependant le pape Eugene pour réduire les Romains
rebelles, commença par excommunier Jour-
’ dain leur prétendu patrice, avec quelques-uns de fes
partifans. Enfuite il fe fervit des troupes des Tibur- An. 1145.
tins, anciens ennemis des Romains, qu’il réduilît
ainfi à lui demander la paix. Mais il ne la leur accorda
qu’à condition d’abolir lepatriciat, de rétablir le
préfet en fa première dignité, Se de reconnoître que
les-fenateurs ne.tenoient leur autorité que du pape,
il entra ainlî à Rome, où il fut reçu avec une joye
finguliere , parce qu’on ne s’attendoit pas à l’y voir *r'
fi-tôt. Le peuple vint enfouie au-devant de lui avec
des rameaux a la main 8e fe profternoit à fes pieds ;
toutes les compagnies marchoient avec leurs bannières
, les Juifs mêmes y vinrent avec le livre de la loi
porté fur les épaules. Le pape étant ainfi rentré dans
Rome, y célébra la fête de Noël 1145. ôc logeoit au
palais deLatran. Mais il n’y demeura pas long-tems;
car comme les Romains le follicitoient de jour en jour
de ruiner Tibur , il fut oblige, pour éviter leurs im-
portunitez, de paifer au-delà du Tibre, c’eil-à-dire,
comme l’on croit, au château faint-Ange. S. Bernard
connu Ôc refpcëlé à Rome par les grandes chofes
qu’il y avoit faites pour le pape Innocent, écrivit
aux Romains pour les ramener à l’obéïiTance du w*
I pape Eugene. Il s’exeufe d’abord de ce qu’étant fi peu
I confiderable par lui-même, il s’adrefle à un peuple
fi illuftre ôc fublime ; mais, d i t - i l , c’eil la caufe
commune i Se quand le chef eft attaque , la douleur
s’étend à tous les membres. Il leur reproche enfuite
d’agir contre leurs propres intérêts, en s’élevant
contre le faint fiege, dont la prééminence fait leur
gloire; Se les fait fouvenir des deiordres arrivez chez
eux par le fchifme d’Anaclet, lorfque les églifes de
Rome furent dépoüillées de leurs ornemens Se de
H h h h i i j .