
A n . 112,4.
Cod. Vatis. np.
SSaron.
fta l. Sac. tom. 1.
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344 H i s t o i r e E c ç l e s i a s t i q u e ?
paravant à l’éleétion de Gelafe.
Les évêques Sc les cardinaux s’aiTemblerent donc
le lendemain pour faire un pape dans la chapelle de
faint Pancrace à S. Jean de Latran ; & après quelques
difcours, Jonathas cardinal diacre de faint Cofme &c
faint Damien, du confentement de tous , revêtit de
la chape rouge Thibaud cardinal prêtre de fainte
Anaftaiic , le nommant pape Celeftin. On commença
à chanter le Te Deum , & Lambert évêque
d’Oftie chantoit comme les autres ; mais on n’étoit
pas encore à la moitié quand Robert Frangipane &
quelques autres même de la cour du pape cricrent :
Lambert évêque d’Oftie pape, & l'habillerent aufli-
tôt devant l’oratoire de faint Silveftre. Il y eut
d’abord un grand tumulte , mais Celeftin céda le
même jour , & tous confentirent à l’éledtion de
Lambertfous le nom d’Honorius II.Toutefois parce
que fon éleétion n’avoit pas été aifez canonique,
fept jours après il quitta la mitre & la chape en pré-
fencc des cardinaux , qui voïant fon humilité , &
craignant d’introduire quelque nouveauté dans, l’é-
glife Romaine , réhabilitèrent ce qui avoit été mal
fait ; & aïant rappellé Lambert, fe profternerent à
fes pieds & lui promirent obéiifance comme pape.
Il fe nommoit Lambert de Fagnan, & étoit né d’une
condition mediocre dans le comté de Bologne dont
il fut archidiacre : comme il avoit beaucoup de lettres,
le pape Pafcal le fit venir à Rome, &ç lui donna
Jevêché de Velitre , c’eft-à-dire d’Oftie , après la
mort de Léon de Marfique. Car la ville d’Oftie étoit
dès-lors ruinée, on donnoit au même l ’évêché de
Velitre petite ville voifine , & les deux diocefes
* fureqf
L i v r e s o i x a n t e - s e p t i e ’ m e . 3 4 ;
furent unis peu de tems après par le pape Eugene III. ""
en forte qu’on ne parle plus que d’Oftie. Hono - ^ N- I I l4*
rius 11. tint le faint fiege cinq ans & environ deux t- ^
mois.
Ce fut par fon autorité que faint Otton évêque de xxxvu.
Bamberg alla travailler à la converfion des peuples nMiir‘ond=faint
1 r i *■ L Otton en Foaac- de 1 omerame. Depuis vingt ans'que ce faint prélat ,:aa‘e•
gouvernoit fon églife , il avoit rempli avec édifica- „ S“t -Uv- «r?
tion tous les devoirs d’un digne pafteur ; & il favo- vitain. 1. c.w
rifoit tellement la vie religieufe,• que l ’on compte r t\ * c? * j. p t o . t .p . 344* julqu a quinze monaftercs, & iîx celles ou prieurez
qu il fonda, tant dans fon diocefe qu’en plufieurs
autres d Allemagne. Et comme quelques-uns fe plai-
gnoient de la multitude de ces fondations, il répondit
qu on ne peut bâtir trop d’hôtelleries pour ceux
qui fe regardent comme voïageurs en ce monde.
Comme il etoit connu en Pologne par le féjour qu’il
y avoit fait en fa jeuneffe, le duc B°leflas aïant fub-
jugué la Pomeranie , & voulant y établir la religion
chrétienne , lui écrivit en ces termes : Je çroi que
vous fçavcz que les barbares de Pomeranie demandent
cl entrer dans l’églife par le baptême ; mais depuis
trois ans que j y travaille , je ne puis engager à cette
oeuvre aucun des évêques ou des prêtres de mon voi-
finage qui en font capables. C ’cft pourquoi Comme
j apprens que vous êtes toujours prêt à toute bonne
.oeuvre, je vous prie de vouloir bien entreprendre
celle-ci pour la gloire de Dieu. Je ferai tous les frais
du voiage , je vous donnerai une efeorte , des in te r-.■ -,
prêtes , des prêtres pour vous aider , &c tout ce qui
fera neceifaire.
Otton reçut cettç lettre comme une voix du cieL’