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D é fèn fe de S.
Bernard fur la
cro ifad e.
Vita Ub. n i -
c.,4«
ab. Bern. epijl
38 6.
698’ H i s t o i r e E c c l e s i à s t i qJDe.
finit le premifer livre de la Confideration.
Le fécond fut écrit l’année fuivante 1150. & commence
par l’apologie de S. Bernard au fujet de la
croifade, dont on lui imputoit le mauvais fuccès,
parce que c’étoit lui principalement qui l’avoic prê-
chée ; quoiqu’il ne l’eût fait que fur les inlïances réitérées
du roi de France & par ordre exprès du pape ,
& que fa million eût été alfez prouvée par les miracles
qui accompagnèrent fa prédication. Il en fit même
un enluite pour fa juftification. Car quand la
première nouvelle vint en France de la défaite de
l ’armée chrétienne, un pere lui préfenta fon fils aveugle
pour lui rendre la vûë -, & comme s’il s’en excu-
foit , il preffatant qu’il vainquit fa refiftance. Alors
lefaint abbé impofant les nnins à l’enfant pria Dieu,
que s’il étoit l’auteur de cette prédication, Se fi fon
cfprit l’avoit affilié en la faifant, il lui plût de le
montrer en guériffant cet aveugle. Et comme après
la priere il en attendoit l'effet : Que ferai-je, ditl’en-
fànt, je voy clair. il s’éleva auffi-tôt un grand cri
des affiftans, qui croient en grand nombre, tant des
moines que des feculiers.
S. Bernard reçut au fujet de la croifade, une lettre
de cotifblation de Jean abbé de Cafemario près de
Verule en Italie, qui des l’an 1140. avoit uni fon mo-
naftere à là congrégation de Cîteaux. Il me fem-
ble, dit-il, que Dieu a tiré un grand fruit de ce voyag
e , quoique d’une autre maniéré que ne penfoient
lès pelérins.' S’ils avoient pourfuivi leur entreprife ,
comme il convient à des Chrétiens, avec jufiiee Si
pieté, Dieu aurait été avec eux , & auroit fait par
eux un grand fruit : mais comnfe ils font tombez en
plufieurs defordres, il a tiré de leur malice une matie- An. i i 50.
re à fa mifericorde, & leur a envoyé des afflictions
pour les purifier & les faire arriver à la vie éternelle.
Enfin ceux qui revenoient nous ont avoué, qu’ils
avoient vû plufieurs croifez qui difoient, qu’ils y
mouraient avec joye ; Sc qu’ils n’auraient pas voulu
revenir, craignant de retomber dans leurs péchez.
Qtton de Frilingue explique de même le mauvais fuc- e « . » , , .
cès de la croifade ; Sc ne nie pas que S. Bernard ne ‘ ' 6o'
l’eut prêchée par l’efprit de Dieu, quoique d’ailleurs
il femble quelquefois prévenu contre lui.
Le faint abbé commence donc le fécond livre de I B i l l
\ . r r Second livre
apologie lur ce fujet. Il s’ex- confidc.
i \ . ration. : a continuer cet ouvrage >
par la douleur que lui avoit caufée çe mauvais füc-
c è s , qui à peine lui permettoit de v iv r e , loin de
pouvoir s’appliquer à l’étude. On nous accufe, dit-il,
d’avoir fait de belles promeffes fans effet, comme fi
nous nous étions conduits en cette affaire avec témérité
ou legereté. Nous n’avons fait qu’exécuter
vos ordres, ou plutôt ceux que Dieu nous donnoit
par vous. Il apporte enfuite l’exemple de Moïfe qui
ayant tiré d’Egypte, les Ifraëlites, ne les fit point entrer
dans la terre fertile qu’il leur avoit promife ,
quoiqu'il n'agit que fuivant l’ordre de D ieu , confirmé
par des miracles ; fie foûtient que les croifez
n’ont pas été moins incrédules , ni moins rebelles. Il
apporte l’exemple delaguerre des autres tribus, pour
punir le crime de la tribu de Benjamin : ou quoique
l’entreprife fût juftefic approuvée de Dieu, ils furent
défaits jufques à deux fois n’ayant point perdu
courage, vainquirent à la troifiéme. Puis il ajoute:
T t t t ij
la Confideration par fon
eufe d’avoir tant diffen