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A n .i i3 i - quatorzième de Septembre, dans l’églifedu S.Sepul-
chre, par le patriarche Guillaume: & quoiqu’il eut plus
de ioixante ans, il en régna dix.
x v. Le pape Innocent étoit cependant en France, &c
Le pape à clair- voulut vificer par lui-même le monaftere de Clair-
vitau.c.i. vaux: où il fut reçû avec une affeéfcion finguliere, par
les moines vêtus pauvrement, portant une croix de
bois mal polie & chantant modeftement. Les évêques
pleuroient &c le pape lui-même, &i tous admirant
la gravité de cette communauté : voyant que
dans une joye iï publique ils avoient tous les yeux
arrêtez à terre , fans les tourner de co té , ou d’autre
par curioiité : en forte qu’ils ne voyoienr perfon-
ne étant regardez de tout le monde. Les Romains
ne virent rien dans cette églife, qui excitât leur cupidité
: il n’y avoit que les murailles toutes nuës f & ces
moines n’avoient rien de defirable que l imitation de
leurs vertus.La joie de cette réception fut toute fainte;
on fervoit à manger du pain b is , des herbes , des légumes;
& s’il fe trouva quelque poilTon, ce fut pour le
uMii, cbr, pape. L’année precedente S. Bernard avoit refufé l ’é-
*ern' vêché de Gennes vacant par la mort de Sigefroi ; Ôc
cette année 1131. il refufa l’évêché de Chaalons pour
lequel il avoit été élu, 8c y fit mettre en fa place Geof-
froi abbé de S. Medard de Soiilons.
xvi. Pendant que le pape Innocent étoit en France,
BcmàrdpotrU Bernard écrivit plufieurs lettres très-fortes à ceux
Pape. qUj ne le reconnoilfoient pas encore, pour les amener
à fon obéïflance. Il en parle ainh à Hildcbert archevêque
de T o u r s , que Gérard d’Angoulefme s’efn+.
forçoit d’attirer au parti de Pierre de Léon : Tous les
princes n’ont ils pas reconnu qu’il çft véritablement
l’élq
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î’élûdeDieu ? Le roi de France, celui d’Angleterre, AN.1131.’
ceux d’Efpagne, enfin le roi des Romains, reçoivent
Innocent pour pape. Architophel eft le feul qui ne fçait 1
pas encore que ion confeil eft découvert & diflîpé.
C ’eft Gérard d’Angoulefme dont il parle. Il continue.
Le choix des plus gens de bien , l’approbation
du plus grand nombre ; &c ce qui eft plus fort, une
probité reconnue , rendent Innocent recommanda-
ble a tout le monde. Ecrivant à Geoffroi de Loroux «pijf.nj,
doéteur fameux , depuis archevêque de Bordeaux,
& dellors homme de grande autorité, il dit : Les rois
d’Allemagne, de France,d’Angleterre, d’Ecoife,des
Efpagnes & de Jerufalem, avec tout leur clergé &c
leurs peuples adhèrent au pape Innocent. Et c’eft
avec juftice que l’églife reçoit celui dont la réputation
eft plus entiere & l’éleétion plus légitime,par
le nombre & le mérité de ceux qui l’ont faite. Il excite
ce doéfeur à s’oppofer à l’évêque d’Angoulef-
me, & ramener à l’unité d e l’églife le comte de Poitiers.
Enfin faintBernard écrivit fur cefujet une grande
letttre à quatre évêques d’Aquitaine ; fçavoir ceux de
Limoges, de Poitiers, de Perigueux & de Saintes : où epiJi' lri-
il décrit ainfi la conduite de Gérard d’Angoulefme.
Dans la lettre qu’il a écrite depuis peu au chancelier,
il demande lalegation d’une maniéré baife & indigne
; & plût à Dieu qu’il l’eût obtenue, il n’eût gue-
res nui qu’à lui-même. Voyez ce que fait l’amour de
la gloire. La légation eft une charge pefante, principalement
à un vieillard , & toutefois cet homme il
age trouve plus de peine à paffer fans cette peine le
peu de jours qui lui r-eftent. Et enfuite : il écrivit des
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