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AN.1143.. qui en-dépendent; 8c on s’attribue les revenus de touc
t t l’année. Votre églife de Chaalons a fait un élection
, mais l’élu demeure depuis lo'ng-tems fruftréde
fa dignité ; 8c vous favez avec quel préjudice du troupeau.
C ’étoit G u i , quiavoitété élu évêque de Chaalons
à la place de Geofroi mort en 1 142-
Saint Bernard continué : le roi y a envoyé à la place
de l’évêque fon frere Rober t , qui exerce fa puif-
fance dans toutes les terres 8c les biens de cette églife
; & offre tous les jours, non pas des viêtimes pacifiques
, mais les cris des pauvres , les larmes des veuves
8c des orfelins, les gemiiTemens des prifonniers,
le fang des morts. Encore trouve t-il cet évêché trop
petit. Il envahit celui de Reims ; 8c fans épargner ni
clercs, ni moines, ni religieufes,il a ravagé par le fer
les terres fi fertiles 8c les villages fi peuplez du domaine
de N. Dame , de S. Remi , de S. Nicaife Si de
S.Thie r r i , 8c les a prefquetous réduits en folitude.
C ’eft que l’archevêque Samfon avoit pris le parti du
comte de Champagne. S. Bernard finit fa lettre , en
priant l’évêque Etienne, d’excicer le pape à reprimer
ces défordres.
Toutefois le faint abbé prévoyant les fuites funef-
tes de l’interdit que le pape avoit jetté fur la France,
à caufe de l’archevêque de Bourges : écrivit au même
évêque de Paleftrine , 8c à trois autres cardinaux de
la cour de Rc5me : fçavoir Alberic évêque d’Oflie, Ig-
mar évêque de Tuiculum , auparavant moine à faint
Martin des champs 8c prieur de la Charité ; 8c le
chancelier Gérard , qui fut depuis le pape Lucius II.
il leur reprcfente que l’églife eft menacée d’un nouveau
fchifme. Helas ! d i t - i l , nous déplorons nos
maux
L tv r e S o i x a n t EtH u i t i e’me . 385 -----— —
mauxpaifez, nous gemiifons dès preiens, 8c nous en A n. 1145.
craignons pour l’avenir ; 8c ce qui eft de pire; c’eft
que le monde eft venu en tel é ta t , que les coupables
ne veulenc point s’humilier , ni les juges en avoir pitié
; les uns ne veulènt point faire de fatisfaérion, ni
les autres ufer de condefcendance : chacun fuit fa paf-
fion 8c tire de fon coté jufqu’à tout rompre. Si vous
avez le coeur fenfible à la pieté, oppofez-vous à de fi
grands maux,8c ne permettez pas qu’il arrive un fchifme
dans ce pays , où comme vous favez,on remedie
ordinairement aux autres fchifmes.
Il y a deux points fur lefquels nous n’excufons
point leroi. Il a fait un ferment illicite, 8c il a tort
d’y perfeverer : mais ce n’eft pas par mauvaife honte.
Car vous favez quel reproche c’eft chez les François
i de fauffer un ferment,quoique mauvais. Nous ne pré-
I tendons pas l’excufer, nous demandons grâce. Voyez
I fi fa colere, fon âge , ia dignité ne l’excufe point en
quelque maniéré. Pardonnez-lui, s’il eft poftible,fans
I préjudice de la liberté dëTéglife 8c du refpeêfc dû à
I un archevêque facré de la main du pape. Le roi le de-
I mande humblement, 8c toute l’églife de deçà les
| monts vous en fupplie. J’ai prié pour ce fujet dès l’an-
I née paflee , mais ma priere n’a attiré que de l’indi-
I gnation, qui a été fuivic de la defolation prefque de
I tout le pays.
Ces aernieres paroles de faint Bernard, regardent
I le pape Innocent extrêmement refroidi à fon égard :
I comme il paroît par une lettre qu’il lui écrivit en
I même tems, 8c qui commence ainfi c Je croyois
autrefois être quelque peu de chofe, maintenant fans
fçavoir comment je me trouve réduit à rien. Vous
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