
J&Km).?. . Avec le tems il attira à fa communioij quelques-uns
.de fes fuffragans, 8c s’il avoit vécu en paix avec fes
chanoines, il auroitpûfe maintenir. Mais i| les troubla
dans leurs biens ; 8c fe.s richeffes le rendirent ü
infolent, qu’il ne comptoit pas les autres pour des
hommes. Il chaifa par violence les principaux de fon
cgliie ; 8c il en lit mettre quelques-uns en prilon 8c
aux fe rs , difant qu’ils avoient confpiré contre fa vie.
Ainlî il s’attira la haine publique, 8c fe croyoit à
peine en fùreté entre fes domelliques , tant il étoit
agité des reproches de fa confcience. Ses deux principaux
àdverfaires étoient Lambert archidiacre de
fon églife , 8c Arnoul Calabrais, homme noble, let-
<o«i».a)c.xï. tré 8c habile dans les affaires, qui fut depuis archevêque
de Cofence. Ils entreprirent le voyage de Rome
pour y porter leurs plaintes contre le patriarche
Raoul ; 8cRaimond prince d’Antioche qui les foute-
n o it , contraignit ce prélat par force à faire auffi le
voyage. Arnoul prit les devans 3 Se étant arrivé en
Sicile , il alla avec fes amis 8c fes parens trouver le
duc Roger 8c lui dit : Voici que Dieu met entre vos
mains le patriarche qui vous a bté injustement la
principauté d'Antioche, il va arriver dans vos terres.
Le duc donna fes ordres dans tous, les ports; 8c Raoul
qui ne fe doutoit de rien étant arrivé à Brindes , y
rut arrêté , mis aux fers 8c envoyé en Sicile. Là par
fon adreife 8c fon éloquence il fit fa paix avec le duc
fous certaines conventions, il * fut renvo/yé avechonneur
pour aller à Rome.
D ’abord il y trouva l’accès difficile auprès du
p ap e , étanc regardé comme un ennemi du ïaint
liege , auquel il pretendoit égaler le lien :: car il di-
B i v r e S o i x a n t e - H ü i t i e ’m e . j i y ’— -
iùit, que laehaire de S. Pierre étoit à Antioche auffi An. 113a/
hien qu’à'Rome 8c que ion églife étoit même la ‘ •■j-
foeur aînée.-. Enfin par le moyen de fes amis il eut audience
du pape* 8c fut reçu en prefence de toute la
•cour avec grande magnificence. Ses adverfaires fc
prefenterent auffi; 8c ayant donné leurs libelles,ils
étoient prêts à pourfuiyre leur accufation dans les.
formes Mais comme la cour vit qu’ils n’avoient pas les s
inftruétions. neceffaires pour vaincre pleinement:
l ’accufé , on Signifia aux deux.parties qu’ils fe tinffent:
en repos, jufqu’à ce que le pape envoyât un legat fur
les lieux, pour informer plus amplement de l’affaire..
Cependant le patriarche rendit le pallium qu’il avoit.
pris à Antioche de fon a u to r i t é a u mépris, difoit-
on,du faint fiege ;8c: en reçut un autredela main du
premier diacre pris fur le corps de S. Pierre, félon la
coutume. Ainfi il fe retira avec les bonnes grâces du
¡pape , 8c repaffa en Sicile , où le duc fui donna des.
igaleres qui le. menèrent en Syrie. Mais quand il y-,
fut arrivé*, l'églife d’Antioche ne voulut pas le recer
voir ; 8c il fut obligé de fe re tire r , premièrement à-
un monaftere delà montagne noire dans le- voifina-
ge , puis chez le comte d’Edeffe qui l’invita à venir |
auprès de lui. Enfin le patriarche fe-réconcilia du;
moins en apparence avec le prince d’Antioche,,. 8c^
fut.reçu folemnellëment dans la ville.
Cependant le pape envoya pour légat en S y r ie ,, '••'«•
Pierre archevêque de Lion s qui étant débarqué à;
Acre, alla d’abord faire fes prières à Jcrufalem :
mais Lambert Sc Arnoul le preffant de venir à Antioche
, il revint à A c re , .où il tomba malade 8c mou*
Mit étant déjà avancé en âge. Qn difoit même qu’on ,