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An. i 139. ma[s H ne }eur aucune bonne promefle. Le concile
fe fepara le premier de Septembre ; & l’évêque deSa-
39j. riiberi mourut de viei lieue 8c de chagrin le quatrième
de Décembre Ja même afince 1139.
l x i . Depuis dix-huit ans qui s’étaient paiTez, après que
veüèfesVLrèuK. Pierre Abailard avoit été condamne au concile de
Si(p. liv> Lxvi 1 • Soiifons, il avoit continué d’enfeigner: s'appliquant
principalement à la théologie, quoiqu’il n y fut pas
lï verfé que dans les arts libéraux, Auffi repandit-il
plufieurs erreurs dont les gens de bien furent allarmez.
Guillaume abbé de S. Thierri en écrivit ainfi
àGeofroi évêque de Chartres 8c à S. Bernard : Pier-
's ib u a f t .t9 . 4. re Abailard recommence à enfeigner des nouveau-
%'ji.^ie. mur te z 8c à en écrire: fes livres paifent les mers 8c trasem.
verfent les Alpes : fes nouveaux dogmes ie répandent
dans les provinces, on les publie, on les défend
librement : jufques-là qu’on dit qu’ils font eftimez
même à la cour de Rome. Je vous le dis, votre fi-
lence eft dangereux tant pour vous, que pour l ’églife
de Dieu.
Dernièrement je rencontrai par hazard un ouvrage
decet homme , intitulé: Théologie de Pierre Abailard.
J ’avouë que ce titre excita ma curiofité ; 8c
comme j ’y trouvai plufieurs chofes qui me fraperent
je les remarquai, avecles raifons pourquoi elles m’a-
voient frapé; 8c je vous les ai envoyées avec le livre :
sr vous en jugerez. Je n’ai trouvé que vous à qui je pufle
m’adreiler en cette occafion. il vous craint : fermez
les yeux, qui craindra-t-il ? 8c que ne dira-t-il pas s’il
ne craint perfonne ? V o ic i donc les articles que j ai
tirez de fes ouvrages, i . l l définit la foi : L ’eilimation
des chofes qu’on ne voit point, z. il d it , qu’en Dieu
les
les noms de Pere, de Fils 8c de S. Efprit font impro- A n. 1140.
près; mais que c'eft une defeription de la plénitude
du fouverain bien. 3. Que le Pere eft la pleinepuifiânce
, le Fils une certaine puiifance, 8c que le faint
Efprit n eft aucune puiifance. 4. Le faint Efprit n’eft
pas de la fubftance du Pere 8c du F ils , comme le Fils
eft de là fubftance du Pere. 3. Le faint Efprit eft l’ame
du monde. 6. Nous pouvons vouloir le bien-8c le
faire par le libre arbitre , fans le fecours de la grâce.
7.^ Ce n eft pas pour nous délivrer de la fervitude du
démon,que Jefus-Chrifts’eft incarné 8c qu’il afouf-
fert. 8. Jefus-Chrift Dieu 8c homme n’eft pas une
troifieme perfonne dans la Trinité. 9. Au facre-
tnent de 1 autel la forme de la fubftance precedente
demeure en l'air. 10. Les fuggeftions du démon fe
font dans les hommes par des moyens phyfiques.
ï i . Nous ne tirons point d’Adam la coulpe du péché
originel, mais feulement la peine, iz . Il n’y à
peche que dans le confentement au péché ôc> le mépris
de Dieu. 13. On ne commet aucun péché par la
concupifcence , la dele&ation, ni l’ignorance : ce ne
font que çles difpofitions naturelles. L’abbé Guillaume
réfuté enfuite ces treize articles l ’un après l’autre
, rapportant en plufieurs endroits les propres paroles
d’Abailard.
Saint Bernard lu i répondit, approuvant fon zele.
Mais, ajouta-t-il, je n’ai pas accoutumé, comme <^.517.
vous fayez , de me fier à mon jugement, principalement
en des chofes de cette conféquence. C'eft
pourquoi j eftime à propos de prendre notre tems
pour nous affembler en quelque lieu 8c conférer de
tout. Je ne crois pas toutefois que ce puilfe être avant
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