
7 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
iroit vifitcr le faint Sepulcre : ce qui lui attira une
grande affeétion du peuple IIOJ. , du clergé & des feiotto
vrifing, vu. gneurs ; Sc plufieurs pcrfonnes de toutes les parties du
Á N.
roïaume fe préparèrent à l’accompagner en ce voïa-
ge. Mais il fe pailà deux années lans que l’empereur
exécutât fa promeife. Il célébra encore à Mayence
la fête de Noël de l’année 1104. & ce fut alors que
fon fils qui étoit en Bavière fe révolta, & prit le titre
de roi Henri cinquième du nom , excité par quelques
feigneurs, à l’aide defquels il s’étoit retiré d’auprès
de l’empereur fon pere quelques jours auparavant.
Il déclara d’abord qu’il condamnoit le fchifme ,
. & qu’il vouloir rendre au pape l’obéiifance qui lui
étoit dûe : puis aïant fait entrer dans fon parti les
feigneurs de la Bavière Sc quelques nobles de la
haute Allemagne Sc de la Franconie , il paifa en
Saxe, où il fut reçu avec honneur ,celebrala Pâque
de l’année iio j. à Quedlimbourg , fe fournit toutes
les villes , Sc fut reconnu roi par les feigneurs.
Suivant leeonfeil de Rothard archevêque de Mayence
& de Gebehard évêque de Confiance , légats du
pape , il réunit toute la Saxe à la communion de l’e-
glife Romaine, Sc il indiqua un concile à la maifon
roïale de Northus.en Thuringe pour le vingt-neuvième
de Mai. Là renouvellant les décrets des conciles
précedens , on condamna 1a- fimonie Sc l’here-
fie des Nicolaïtes , c’eft-à-dire, le concubinage des
prêtres : on ordonna que le jeûne du mois de Mars
feroit célébré la première femaine de carême , Sc celui
du mois de Juin la femaine. de la Pentecôte , fui-
yant l’ufage de Romp. On confirma la paix de Dieu.
On
fo.f.conc.p. 744.
L i v r e s o i x à n t e - c i n q j j i e 'm e . 73
O n promit de reconcilier à l’églife par l’impofition
■des mains aux quatre-tems prochains ^ ceux qui
»voient été ordonnez par les faux évêques, c’eft-à-
dire par les fchifmatiques ; Sc on ordonna que ces
évêques intrus feroient dépofez, Sc ceux d’entre ceux
quiétoient morts, déterrez.
Le jeune roi Henri étoit à Northus, mais il ne vc-
noit au concile que quand il y étoit appellé. Il y parut
un jour en habit très-fimple debout en lieuélevé,
Sc renouvella à chacun fes droits fuivant les décrets
des princes, refufant toutefois avec fermeté ce qu’on
lui demandoit de déraifonnable. Il faifoit paroître
une modeftie convenable à fon â g e , Sc un grand
rcfpeôl pour les évêques ; Sc dit les larmes aux yeux ,
prenant Dieu à témoin Sc toute la cour celefie , qu’il
ne s’attribuoit la fouveraine puiflance par aucun defir
de regner , &c ne fouhaitoit point que fon feigneur
Sc fon pere fût depofé de l’empire : au contraire ,
ajouta-t-il, j’ai toujours compaiuon de fa défobéif-
fance Sc de fon opiniâtreté, Sc s’il veut fe foumettre à
faint Pierre Sc à les fucceifeurs, je fuis prêt à ceder le
roïaume Sc lui obéir comme le moindre de lès fervi-
teurs. Ce difeours fut approuvé de toute l’alfemblée,
qui commença à prier avec larmes pour la conversion
du pere & la profperité du fils , chantant Kyrie
eleifon à haute voix. En même tems Uton évêque
d’Hildesheim , Henri de Paderborn. , Sc Frideric
d’Halberftat fe profternerent aux pieds de l’archevêque
de Maïence leur métropolitain, prenant à témoin
le roi Sc tout le concile , qu’ils fe foumettoient
à l’obéiiTance du pape : le concile réferva au pape de
Tome X I V . K
A N.