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—------------ C ’eft ce qui paroît par deux lettres de fes amis|
A n '. ïio é . l’une de Geoffroi abbé de Vendôme , où il l’accufe
1u.4-ep.47. d’indiferetion dans la trop grande familiarité avec
les femmes qu il gouvernoît. Le bruit cour t, dit-il,
que Vous leur parlez fouvent en particulier, & que
la nuit vous ne faites pas difficulté de dormir entre
elles , prétefidant mieux Combattreainfi les tentations.
Si vous le faites, c’eft un genre de martyre nouveau
& infructueux , & vous ne devez jamais avoir tant
de confiance en votre vertu , epe vous pcnfiçz ne
pouvoir tomber, fi vous ne marchez avec précaution.
Ainfi parle Geoffroi ; mais il ne faut pas douter que
Robert 8c fes difciples ne couchaffent tous vêtus fui-
vanr fufage monaftique..
Mari.tps. L’autre lettre eft d’un évêque que l’on croit être
Marbode de Rennes, & elle commence par ce même
reproche de familiarité exceffive avec les femmes,,
: 8c en fait mieux entendre Poccafion. On prétend
d it-il, que vous pafféz la nuit entre elles & vos difciples
, pour leur prefetire â eux & à elles quand ils.
doivent veiller ou dormir. C ’eft- à-dire , qu’ils paft
foient Une partie de la nüit en prières. Il ajoute que
plufieurs de ces femmes étoient difperfèes dans des
hôpitaux , 8c des hoffices pour fervir les pauvres 8c
fes étrangers, & que de ce mélange avec fes hommes
¿■étoit arrivé des accidens Feandaleux. Le fécond reproche
de Marbode eft l’exterieur fingulier de R ob
e r t , fa grande barbe, fes pieds nuds, fon habit
pauvre 8c déchiré , qui ne convenoit ni à fa profef-
Bon de chanoine , ni ù la prètrife dont il étoit honoré'.
C e t h a b it,. d it-il, n’t f t pas fi propre à vous
dbnnes autorité parmi les fimples, comme vous pré*
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L i v r e s o i x a n t e - c i n q u i e m e , 99
tendez , qu’à vous faire foupçonner de folie par les
cens fages. Il 1 accufe encore de déclamer contre les
prêtres & les iuperiçurs ccclcfiaftiques, çe qui faifoit
que plufieurs curez fe trouvoienr abandonnez de.
leurs troupeaux. Il blâme la facilité avec laquelle il
recevoir ceux qui paroiffoient fe convertir a fes fermons
, 8c leur faifoit auiu-tôt faire profeflion ; 8c
l ’exhorte par toute la lettre à reglerfon zele avec plus
de difcretion.
Quelques auteurs modernes fe font inferit en faux 1.
contre ces deux lettres , ne croïant pas les pouvoir F^°e^ar“™ndc
accorder avec la fainteté de Robert d’Arbriflelles reconnue
de toute l’éghfe. Mais quoiqu il enfoit de ces
lettres 8c des reproches qu elles contiennent, il eft
certain que Robert reconnut lui-mêmel inconvénient
de la vie errante des grandes troupes qui le fuivoient
de l’un 8c de l’autrefexe & qu’il refolut de chercher
quelque défert où ils puffent vivre fans donner aucun
prétexte de fcandale,- Il en trouva un a l extremitç ^ ¡¡,1 ,
du diocefe de Poitiers à deux lieues:de Gandc en
Touraine. Ce lieu nommé Fontevraud etoit inculte,
couvert d’épines 8c de ronces ; 8c Robert 1 aïant obtenu
des propriétaires, y établit la-nouvelle famille
que Dieu lui avoit donnée. •
Ils y firent d’abord des. cabanes pour fe garantir
des injures de l’a ir , 8c un oratoire. Robert fepara les
femmes d’avec les hommes 8c les enferma , les defti-
nant .principalemept à la priere., 8c les hommes au
travail. Les clercs & les l a ï q u e s vivoient enfemble,
fes clercs chantoient les pfeaumes'& celebroient la
meffe, les laïques travailloient, 8c tous gardoient 1e fi-
lence en certain tems* Ils vivoient dans une. grande
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