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A n .i 137. veur d’un excommunié & d ’unfchifmatique. Et premièrement
le cardinal fe plaign it, que cette éleêfcion
eût été faite fans le confentement du pape : mais
Pi erre Diacre,foûtint, que l’éleêtion de l’abbé fe devoir
fa,ire librement par les moines, fuivant la regle
de faintBenqît 8c l’ufage, 8c répondit aux exemples
que l’on alleguoit au contraire. Le cardinal Gérard
objeéta enfuite que l’on avoit élu Rainald, quoique
feulement foudiaçre, au lieu que, lès canons ordon-
noient d’élire un prêtre, ou du moins un diacre, afin
qu’il pût lire l’évangile. Cette objeêtion fut fans ré-
ponfe ; 8c l’empereur en revint à prier le pape de pardonner
aux moines. Ainfi finit la cinquième féance.
Alors l’empçreur touché d’eftime pour le diacre
Pierre , qui avoit fi bien défendu la caufe du monâ-
ilere , le retint à fon fervice.
11 r- Enfin le pape fe rendit aux inftances de l’empereur,
8c confentit de pardonner aux moines 8c à L’abbé
du mont-Caffin. Donc le jour de Sainte Sympho-
rofe martyre dix-huitiéme de Ju ille t, l’empereur
envoya avec l ’abbé Rainald & les moines, fon gendre
Henri duc de Bavière , 8c plufieùrs autres fei-
gneurs &c prélats. Quand ils approchèrent delátente
du pape, quelques cardinaux vinrent au devant, 8c
firent faire à Rainald un ferment, par lequel il renon-
çoit au fchiime , à Pierre de Léon & à Roger de Sicile
; 8c promettait obéïflance au pape Innocent '8c à
íes fucceifeurs. Les moines faifoient difficulté de
prêter ce ferment ; mais Rainald les y obligea par
l’obéiflance qu’ils lui dévoient. Alors étant abfousde
l’excommunication, ils entrèrent nuds pieds, & fe
jetterent aux pieds du pape, qui. les reçut au baifer
L i vre S o i x a n t e - H u i t i e ’m e . j o i
de paix. Rainald fut enfuite mené à l’empereur , à
qui jufques-làilnes’étoit point préfenté: mais alors
il le reçut avec grand honneur, 8c le mit au nombre
de fes chapelains.
En ce tems-là arrivèrent auprès de l’empereur Lo-
thaire, des ambaffadeurs de Jean Comnene empereur
de Conffcantinople, pour le féliciter de fa v ic toire
contre le roi Roger. Entre ces Grecs étoit un
philofophe , qui commença à déclamer contre le
faintfiege ôc toute l’églife d’Occident :difant, que le
pape étoit un empereur 8c non pas un évêque, 8c
traitant le clergé Romain d’excommuniez 8c d’A z y -
[ mites. Pierre diacre entreprit de lui répondre , 8c
l’empereur Lothaire les fit députer devant lui. Le
Grec déclara qu’il tenoit les Latins excommuniez ,
pour avoir ajoûté au fymbole , puis il ajoûta : Nous
voïons maintenant l’accompliiïement de ce que Dieu
I dit par le Prophète : Le prêtre fera comme le peuple,
puifque les évêques vont à la guerre , comme
| fait votre pape Innocent. Ils aiTemblent des troupes,,
ils diftribuent de l’argent, iis portent des habits de
pourpre. C ’eft que les Grecs ne voyoient riendefem-
blable chez eux. Après que la nuit eut terminé la
difpute, le Grec en envoya la relation au patriarche 8c à l’empereur de C. P. 8c donna par écrit à Pierre
diacre y les autoritez par lefquelles les Grecs foûte-
noiént les mariages de leurs prêtres. Le patriarche
de C. P. étoit alors Léon Stypiote, qui en 1134. avoit
ijaccedé à Jean de Calcédoine,, 8c tint le fiege huit-
ans & huit mois.
L’empereur Lothaire marcha enfuite à Salerne
avec fon armée 8c une flotte commandée par Gui-
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A n . 1137.
XL.
Ambaiïade de
Conftantinople'
près de Lothai-
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