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4<?8 H i s t o i r e E c c t E s i a s t i q j j fc.
bane : pour reconcilier à l’églife les Milanois, Si les
abfoudre du fchifme où leur archevêque Anfelme
les avoir engagez. Saint Bernard fit trouver bon aux
deux cardinaux de mener avec eux Geofroi évêque
de Châtres, d o n tila v o it reconnu le mérité en plufieurs
occafions. Les Milanois vinrent a grandes
troupes audevant du faint abbé jufques a iept milles,
ils lui baifoient les pieds fans qu’il put s en défendre,
ils arrachoient les poils de fes habits pour fervir de
reniedes aux maladies : ils marchoient devant & après
avec des acclamations de jo y e , S i les conduifirent
ainfi à fon logis. On traita en publie de l’affaire pour
laquelle le faint abbé S i les Cardinaux étoient venus:
toute la ville fe fournit, l’églife fut réconciliée, S i la
paix établie entre les peuples.
Pendant ce fejour de Milan, faint Bernard fit plu-
fieurs miracles, principalement fur des poffedez : il
les attribuoit à la foi de ce peuple, Si le peuple à la
vertu du faint abbé. On lui amena une femme connue
de tout le monde, tourmentée depuis fept ans de
l’efprit malin, le priant de la délivrer. Le faint homme
étoit confus de l’opinion qu’on avoit de lu i , S i
l’humilité lui défendoit d’entreprendre des chofes
extraordinaires : d’un autre coté il rougiffoit d’avoir
moins de foi que ce peuple, S i craignoit d’offenfer
Dieu en fe défiant de fa toute-puiffance : Enfin il s’abandonna
au faintEfprit ; Si s’étant mis enp r ie re ,il
chaffale démon, Si rendit la famille tranquille. Les
aififtans tranfportez de jo y e , Si levant les mains au
c ie l, rendirent grâces à Dieu; Si le bruit s’en étant
répandu par la v i lle , la mit tout en mouvement :
on s’affembloit de tous cote z, on ne parloit que de
L i v r e S o i x à n t e - H u i t i e ’me., 469 —
l’homme de D ie u , on ne pouvoir fe raffafier de le AN.1133.
voir ou de l’entendre : on s'empreffoit pour le toucher,
ou recevoir fa benedi&ion.
Il délivra encore d’autres poffedez par la vertu dé „ ri. r}.
la fainte Euchariftie, par l’eau b enite& leûgne de la &c’
croix : il guérit aufli plufieurs malades ; Si la foule du
peuple étoit fi grande à fa porte depuis le matin jufques
au foir, que la foibleffe dd'ion corps* n’y pou-r
vant refifter, il fe mettoit aux fenêtres pour fe montrer
81 leur donner fa benediéHon.llsaportoient du
pain Si dé l’eau qu’ils lui faifoient bénir, 5c les gar- i 1*-
doient comme des chofes facrées. On accouroit à
Milan pour le voir des villages S i des villes voifines.
Il guérit plufieurs malades delà fievre,leur impofanr
les mains, 8c leur faifant boire de l’eau benite: il rétablit
des mains féches, Sc des membres paralytiquesen
les touchant; il rendit la vue à des aveugles par le ligne
de la croix en prefence de plufieurs témoins. Au
milieu de tant de miracles Si de tant d’applaudiffe-
mens, le faint abbé conferva toujours une humilité
profonde ; Sc refufa conilamment l’Archevêché de
Milan , qu’on le preffoit opiniâtrement d’accepter.
Ribalde fut donc élu archevêque à la place d’Anfel- ie _r
me fchifmatique; &; le pape renditàMilan la digni-
té de métropole qu’il lui avoit otée. Saint Bernard y
fit tant de converfior.s, qu’il y eut de quoi peupler
un nouveau monaftere de fon ordre, qui fut fondé
dans le voifinage l’année luivante 1135. S i nommé efii}, ,
Caravalle. De Milan il paffa par ordre du papeàPa-
vie Si à Crémone pour pacifier la Lombardie: mais
les Crémonois enflez de leur profperité, ne profitèrent
point de fa médiation.
N n n iij