
138 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
«______^ bierent en un lieu qu’ils croïoient très-sûr ; 8c après
A n . 1118. avoir long-tems délibéré ils s’accordèrent tous à elire
le chancelier. Ils le prirent auffi tô t , le nommèrent
Gelafe 8c l’introniferent malgré la réfiilance.
Il étoit né à Gaëte de parens nobles, qui le firent
étudier dès fon enfance : puis Oderife abbé du Mont-
Caifin le leur aïant demandé , ils le donnèrent à ce
münafterc, où il fe diftingua par fon progrès dans lés
arts libéraux 8c dans l’obfervancë régulière. Il étoit
encore jeune quand le pape Urbain I I . le tira du
Mont-Caffin la première année de fon pontificat, &
le fit cardinal diacre de l’églife Romaine , & peu de
t«p.Uv. «lu.».'tcms aPfès chancelier: pour rétablir dans le faint fiege 4&,4«. l’ancienne élegance du ftil'e prefque perdue, comme
dit Pandolfe d’Alatti auteur du tems. Après la mort
d ’Urbain le chancelier Jean de Gaëte fut toujours attaché
au pape Pafcal, avec une affeètion finguliere :
il lui aidaàfupporter toutes fes affligions, 8c fut fon
bâton de vieilleffe. A fa recommandation ce pape
promut à la dignité de cardinaux , prêtres ou diacres
plufieurs de fes feripteurs 8c de fes chapelains ; entre
autres Pierre de Pife , Hugues d’A la tr i, Saxon d’A -
nagnia & Grégoire de Gaëte. Jean fit de grandes libe-
ralitez à fon titre de fainte Marie en Cofmedin , tant
en argenterie 8c en ornemens d’é g life , qu’en fonds
de terres , & fut toujours le protecteur du Mont-
Caffin. T e l étoit le chancelier Jean de Gaëte quand
il fut élu pape 8c nommé Gelafe II.
Gencio Frangipane donc la maifon étoit proche
du lieu d'élecHon, l’aïant apprife, accourut auffi-tôt
l'épée au côté 8c fremifiant de colere 3 car il tenoit
lç parti de l’empereur. Il rompit les portes, entra
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dans l’églife, prit le pape à la gorge, le frappa à coups ——------—
de poing 8c de: pied , jufqua l’enfanglanter de fes A n . m l ,
éperons : puis le traînant par les cheveux & par les
bras,il le mena chez lui, l’y enchaîna &s l’y enferma.
Les cardinaux, le clergé & plufieurs laïques affem blez
pour l’éleétion » furent de même arrêtez par les fatel-
lites de Cencio : on les jettoit a bas de leurs chevaux
& de leurs mules, on les dépouilloit, on les maltrai-
toit : quelques-uns gagnèrent leurs maifons derm-
morts, & malheur à qui ne pût s’enfuir. Au bruit de
cette violence les Romains s’ailèmblercnt : Pierre
prefet de la ville, Pierre de Léon avec les fiens & p lu -
fieurs autres nobles avec leurs gens : le peuple de tous
les quartiers prend les aunes, on accourt .à grand
bruit au Capitole , on envoie députez fur députez,
aux Frangipanes , pour redemander le pape. Auffi-
tôt les Frangipanes épouvantez le rendent, 8c Leors
l’un d’eux fe jette, à fqs pieds, lui demande pardon y
& s’échappe ainfi du péril qui le menaçoit.
Le pape étant délivré fur couronné , mis fur un
cheval blanc, 8c ïnené par la rue facrée à S:. Jean de
Latran, précédé 8c fuivi de bannières fuivant la.cou-
tum.e. Son pontificat paroiffoit affuré 8c paifible %
les comtes 8c les barons le yifitoiéne, il dormoit au-
diance à ceux qui venoient pour quelques affaires , &
lès renvoïoit avec fa benedidtion. Gèux qui étoiene
fortis dé Rome y; rentroiént : on s’affembloit pour délibérer
quand le pape de voit être ordonné & facré »
car il n’étoic encore qü'e diacre. Mais cette paix ne
fut pas longue une nuit le pape fut averti que
l’empereur Henri étoit en. armes à faint Pierre. En
effet, fur la noiuvelle de la mort de Pafcal & de l e -
irak .M