
Z74 H i s t o i r e E c c x e s i a s t i q u é .
’* n féance du concile fe tint dans l’églife métropolitaine’
* *i>- ¿c N, Dame , devant le crucifix , & commença le
lundi vingtième d’Oébobre. Après la meiî'e le pape
saflit en un trône'élevé vis-à-vis la porte de L’églife ::
devant lui étoient au premier rang trois évêques cardinaux,
Conon de Paleftrine, Bofon de Porto, Lam-
bert’d ’Oftie : puis Jean de Creme, & Haton de V i viers.
C ’étoit principalement ces cinq qui exami-
noient & décidoientles queftions. Chryfogone diacre
cardinal, & bibliothequaire de l’églife Romaine étoit
debout auprès du pape revêtu d’une dalmatique
tenant à fa main le livre des canons pour les lire-'
quand il étoit befoin. Six autres miniftres revêtus de
tuniques ou de dalmajdques étoient tout autour , &c
faifoient faire filence quand il s’élevoit du tumulte.
Après les litanies & les oraifons folemnellcs le pape
it. | | expliqua en latin , mais d’un ftile fimple, l’évangile
où il eft dit que Jefus ordonna à fes diiciples de paifer
la mer devant lui ; & que le foir il s’éleva un vent
contraire , en forte que la barque , figure de l’éHife,,
étoit agitée par les flots : qui font les tentations &
les affligions de ce monde, & qui s’appaifent tout
d’un coup par là préfence du Sauveur. Enfuite le cardinal
Conon fe le v a , & fit un fermon très-éloquent-
fur le devoir des pafteürs : leur appliquant ce qui eft
K,n. m i J8. dit dans la Geneie du foin que Jacob avoit des troupeaux
de Laban.
Le pape dit auffi ce premier jour, que le principal'
fujet de la convocation du concile , étoit l’extirpation
de la fimonie pour cet effet l’abolition dex
inveftiturcs. G eft pourquoi, ajouta-t-il, écoutez attentivement
de la bouche de nosfreres qui ont porté
des paroles de paix entre nous & le prétendu roi - ^ ^ ^
lemagne , tout ce qui s’eft paffé en cette affaire ; &
confiderez ce que je dois faire, puifque c e
caufe commune. Alors il ordonna à i'evèque d ü itie
d'expofer l’affaire en latin a tout le concile : puis a
l’évêque de Chaalons de l’expliquer en François en
faveur des laïques. Enfuite il propofa divers articles
ce jour là & le fuivant, mais il en remit la conclulion
à la fin du concile. .
Le roi Loiiis entra’ dans le concile avec les feigneurs
François ; monta fur l’échaffaut où étoit le fiege du
pape & dit : Je viens demander confeil à cette fainte
affemblée. Le roi d’Angleterre a envahi par violence
la Normandie qui eft de mon roiaume. Il a maltraite
en plufieurs maniérés le duc Robert fon frere & mon
vaffal s & enfin l’a pris & le tient depuis long-teins
en prifon. Je l’ai requis plufieurs fois par deseveques
,&c par des comtes de me le rendre , fans avoir pu rien
obtenir -, & vous voïez ici Guillaume fils de ce duc
dépouillé defon héritage. Loiiis ajouta plufieurs autres
plaintes dont les François qui étoient préfens certifièrent
la vérité. Geoffroi archevêque de Roiien le
leva avec les évêques & les abbez de fa province, &
commença à répondre pour le roi d’Angleterre ; mais
il s’émut un fi grand tumulte de ceux a qui fon du-
cours ne plaifoit pas, qu’il fut oblige de fe taire. ^
Cependant Hildegarde comteffe de Poitiers s a-
vança avec fes fui vantes, & fit a haute voix fa plainte,
q u i fut écoutée attentivement de tout le concile. Elle
ffifoit que le comte Guillaume fon époux 1 avoit
abandonnée ,- & avoit pris à fa place Maubergeon ,
femme du vicomte de Châtelleraut. Le pape de-
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