
À N. M
Hdmer f.
19 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— qui eft l’heritage de mon pcre, &c qui étoit mifera-
15* blcment ravagée par des voleurs 5c des facrileges. On
n’y rendoit aucun honneur aux prêtres 5c aux autres
ferviteurs de Dieu ; on y avoit prefque ramené le pa-
ganifme. Les monafteres fondez par nos ancêtres
étoient ruinez, & les religieux difperfez faute de fub-
fiftance. O n pilloit les églifes, on les brûloit la plû—
part, & on en tiroit ceux qui s’y cachoient : les gens
du peuple fe tuoient l’un l ’autre, ou demeuroient
■ fans défenie. La Normandie a été près de fept ans en
ce trifte état : j’en recevois des plaintes fréquentes,
& les gens de bien me prioient de venir au fecours
du peuple affligé. J’y fuis venu , & j’ai vû qu’il étoit
impoftible de le faire autrement que par les armes,
parce que monfrere étoit le proteâeur des médians,
& fuivoit les confeils de ceux qui le rendoient
méprifable-, 5c dominèrent fous fon nom. J’ai donc
été obligé de faire la guerre : Dieu favorifant mes
bons deffeins , m’a donné la viétoire , & j’ai rétabli
les loix 5c la tranquillité publique. Pour la conferver
il a fallu arrêter mon frere : mais il eft traité félon
que fa dignité le demande, 5c fi on ne m’avoit enlevé
fon fils, je le ferois élever avec le mien. Te lle
fut la réponfe du roi d’Angleterre, dont le pape parut
fatisfait. Il propofa enfuite les plaintes particulières,
du roi de France, contre lequel le roi d’Angleterre
fit aufli les fiennes : mais enfin il témoigna defirer
la paix ; 5c le pape envora des députez au roi de
France 5c à fes barons, porter la réponfe du roi d’Angleterre.
tv„. En cette conférence de Gifors, le roi Henri obtint
diu pape la confirmation de toutes les coutumes que
fon pcre avoit en Angleterre & en Normandie ; 5c --------------:
principalement de ne lui point cnvoïcr de légat s’il A n . 1119.
ne le demandoit, pour quelque affaire qui ne pût
être terminée par les-évêques de fon roïamne. En-
fuite le pape pria le roi de rendre fon amitié à T u r f-
tain , 5c le récablir pour l’amour de lui dans l’archevêché
d’Yorc. Henri dit qu’il avoit promis par ferment
de ne le faire de fa vie. Callifte répondit : Je
fuis pape , 5c fi vous faites ce que je vous demande ,
je vous abfoudrai de ce ferment. Le roi dit qu’il en
prendroit confeil, 5c ils fe iéparerent ainfi. Enfuite il
envoïa porter au pape cette réponfe. Il ne paroît
pas convenable à ma dignité de recevoir l’abfolution
que vous m’offrez. Car quelle foi au ra -t-o n déformais
aux fermens , fi l’on voit par mon exemple
qu’ils puiffent être fi facilement anéantis par une ab-
folution ? Toutefois puifque le papefouhaite fi fort
que Turftain foit archevêque d’Y o r c , je le veux bien,
à condition qu’il vienne à Cantorberi, 5c qu’il faffe
lafoumiffion qu’ont faite fes prédeceifeurs: autrement
il ne fera jamais dans le fiege d’Yorc tant que je régnerai
en Angleterre. Turftain prit le parti de fuivre
le pape, qui ne le retint pas long-tems, de peur qu’il .
ne lui fût à charge -, 5c le roi demeura ferme à ne le
fouffrir en aucun lieu de fon obéiffance. Il ne permit
pas non plus au prétendu légat Anfelme d’entrer
en Angleterre , ni de faire aucun aéte de fa légation.
Geofroi archevêque de Rouen étant revenu du- x i i .
concile de Reims, 5c voulant en faire executer les roü«"0
décrets, tint un fynode à Rouen la troifiéme femaine 10. x: p. 881. ex
de Novembre la même année 1119. où il défendit 0rin-l,L'-'-
O o iij