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AN.1 131 . prédeeeffeurs en avoient négligé les droits. On lui
répondit que quelques-uns d entr eux avoient donné
ou prêté des terres de l’églife à leurs parens, que
d'autres en avoient donné e n ' f i e f , ou n’avoient pas
eu la force de refifter aux ufurpateurs. ^ ^
Alors l'archevêque envoya de tous cotez d enon- •
cet à ceux qui poffedoient des terres de fon cglifo ,
qu'ils ne fuiTent pas aflez hardis pour les retenir plus
long-tems , à moins qu’ils nefiffent voir qu elles leur
venoient de leurs ancêtres. Ces ufurpateurs furent extrêmement
indignez de recevoir un ordre fi abfolu,
de la part d'un hommepauvre & defarmé, qui étoit
venu fur un âne ; Si ils crurent que ce ferait une menace
fans exécution. Mais le prélat les excommunia}
& par là ils fe virent réduits â une facheufe condition
; car l’ufage étoit que ceux qui étoient demeurez
un an excommuniez étoient réputez infâmes , &c
toute audiance leur étoit refufée dans les tribunaux.
Ils quittèrent donc une grande partie de ce qu ils
avoient ufurpé fur l’églife de Magdebourg : mais ce
fut bien malgré eux, & ils conferverent une haine
mortelle contre l’archeveque. il s attira encore celle
du c lergé, obligeant tous ceux quiétoient dans les ordres
facrezagarder la continence,ou a renoncer a leurs
bénéfices. Pourquoi,difoient- i ls , avons-nous appelle
cet étranger , dont les moeurs font fi contraires aux
nôtres? ils le chargeoient d'injures & le décrioient
parmi le peuple, enforte qu’il devint univerfelle-
ment odieux: aux uns, parce qu’ils fefentoientmaltraitez
; aux autres, parce qu’ils craignoient de l ’être
: aux autres, parce qu’ils fe laiifoient entraîner
aux bruits populaires. Il fe rendit encore odieux par
la
îa fondation de plufieurs maifons religieufes, particu- A n. 1131,
lierement de fon ordre, comme defainte Marie de
Magdebourg , d'où il ôta ving t chanoines feculiers
pour y mettre des fiens. Enfin la haine vint â telpoint,
que l ’on attenta plufieurs fois contre fa vie.
Un jour du jeudi iaint comme il recevoit les con-
fefilons des penitens, il vint un jeune homme demander
avec empreflement au portier d’entrer aufiï pour
fe confefler. Mais larcheveque lerefervapour leder-
nier ; & quand il entra lui défendit d’approcher, &
lui fit ôter un manteau dont il étoit couvert comme
les penitens. Alors on v i t à fon côté un couteau pointu
long d’un pied & demi ; & étant in terrogé ce qu’il
en vouloit faire , il fe jet ta aux pieds du prélat,
&. confeifa qu’on l ’avoit envoyé pour le tuer. Il nomma
même les auteurs de cet attentat ; & les aflîftans
furent bien étonnez de voir que c’étoient ceux qui
avoient le plus de part aux confeils de l ’archevêque.
Il pardonna à l’aifamn, mais il le fit mettre en prifon
afin de découvrir les defleins de fes complices, & les
punir par la honte qui leur en reviendrait. C e qui
n’empêcha pas qu’un de fes clercs domeftiqucs ne
lentât encore de le tuer la nuit comme il alloit à
matines.
Cependant Norbert permit aux religieux de Pre-
montrc d ’élire un autre abbé à fa place ; & ce fut
Hugues fon premier difciple, qu’il renvoya de Mag debourg
pour les gouve rner , comme il fit jufques à
1 an 164. qu’il mourut. On établit auffi des abbez à
S. Michel d’Anvers , à Floref , à S. Martin de Laon,
à Viviers & Bonne-Efperance en Hainaut. Ces fix
premiers abbez tinrent aufli-tôt un chapitre général,
T o m e X i r . I ü