
— --------- 6i 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. 1146. l’un doit être tiré àfafollicitation, l’autre de fa main,
toutes les fois qu’il en eft befoin. C ’eft de celui qui
convenoit le moins à Pierre , qu’il lui fut dit de le
je.xviii. 11. mettre dans le fourreau, ilétoitdonc auffi à lu i , mais
il ne le devoir pas tirer de fa main. Je croi qu’il eft
terns , 8c même neceffaire de les tirer tous deux ,
g u f . ofufi. 4. pour la défenfe de l’églife d’Orient. Cette allégorie
sup.tiv.ix vu. des deux glaives fi célébré dans la fuite, avoit deja
été marquée dans un écrit de Geoffroi abbc de Vendôme.
S. Bernard l’étend ici davantage; & il eft clair
que darçs l’affaire dont il s’agi t , c’eft-à-dire dans la
croifade; c’étoit le pape qui excitoit les princes Chrétiens
à employer le glaive matériel contre les infidèles
: mais S. Bernard ne pretendoit pas pour cela,
qu’ils nepuffent entreprendre aucune guerre fans la
permiffion du pape.
Il continue dans falettre : Vous aurez déjà appris,
fi je ne me trompe, comment dans l’affemblee de
Chartres , j ’admirepar quelle vue, on m’a choifi pour
chef 8c pour général d’armée. Mais foyez affuré , que
ce n’a été ni par mon confeil,ni de mon confente-
ment. Il ne me feroit pas même poifible , autant que
je puis mefurer mes forces, d’arriver jufques-là. Qui
fuis-je pour ranger une armée en bataille 8c marcher
â la tête des troupes ? qu’y a-t-il de plus éloigne
de ma profeffion , quand j ’en aurois la force 8c la capacité
; ]evous conjure, parla charité que vous me
devez, de ne me pas expofer à la volorité des hommes,
zp.m. mais de confulter en tout celle de Dieu. Dans une
autre lettre au pape écrite la mêmeannée , il marque
ainfi le fuccès de fes prédications pour la croifade ;
Vous avez commandé , j ’ai obéig 8c vôtre autorité a
L i v r e S o i x a n t î - N e ü v i î 'm e , <119 *------------
rendu mon obéïfl'ince fécondé :.les villes 8c les châ- ^ N>1 r â teaux
deviennent dderts, Sc on voit par tout dés veuves
dont les maris font vivans.
S. Bernard écrivit aulh une lettre circulaire , pour ep. 3 65.4/, 3 i z ,
exciter à la croifade : qui le trouve en differens exemplaires
adreffée divcrlement, pour l'Allemagne,pour
l’Angleterre,pour la Lombardie ; 8c il en fit écrire une
à peu près pareille par Nicolas fon fecretaire, pour le
comte 8c les feigneurs de Bretagne en particulier.
Dans la grande lettre circulaire , il releve d’abord
la dignité des lieux faints, 8c le péril où ils font ex-
pofez , d’être profanez de nouveau par les infidèles :
puis il releve l’utilité de la croifade en difant : Combien
depecheurs confeffant leurs fautes avec larmes,
en ont obtenu le pardon en ces lieux, depuis que la
valeur de nos peres en a banni l ’impureté des payens?
l’ennemi le voit 8c en frémit de rage. Et enfuite :
N ’eft-ce pas une occafionprecieufe de falut, 8c une
invention digne des profondeurs de la bonté divine :
que le Tout- puiffant daigne appeller à fon fervice des
homicides, des voleurs, des adultérés, des parjures,
des hommes chargez de toutes fortes de crimes, comme
fi c’étoit des juftes. Il veut être votre debiteur,afin
de vous rendre pour recompenfe le pardon de vos pe-
chez 8c la gloire éternelle. Le faint abbé les exhorte
à ne plus tourner leurs armes les uns contre les autres,
pour la perte de leurs amcs, 8c à employer leur
courage plus utilement. Il marque l’indulgence de
la croifade qui fait obtenir le pardon de tous les pe-
chez que l’on auraconfeffez d’un coeur contrit.
Au refte, ajoûte-il, je vous avertis de ne pas croire ,s.B«nigls-
a tous les efprits, 8c de regler votre zele félon là fcien- i l
I i i i ij