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An. 112. <?. chefles eft un appas pour exciter les hommes à donner,
plûtôt q ua prier, & je ne fçai comment il arrive
que l'on donne plus volontiers aux églifes les plus riches.
Mais cependant que l’églife brille dans fes bâti-
mens, fes pauvres manquent du neceflaire, & c’eft à
leurs dépens qu'on repaît les yeux des riches. A quoi
bon ces ornemens pour des moines, des pauvres ,
des hommes ipirituels ? Encore paiTe pour les églifes,
mais dans les cloîtres où les moines fondeurs ledu-
res, pourquoi leur mettre devant les yeux des peintures
grotefques ? des combats , des chaifes, des
Singes, des lions, des centaures, des monftres de di-
verfes fortes, pour caufer des diftradions. Si ces impertinences
ne nous font pas de honte, craignons-en
au moins la dépenfe. Saint Bernard conclut ainfi ion
apologie: Je loüe 8c publie ce qu'il y a de loüable dans
votre ordre : s’il y a quelque chofe de répréhenfible,
je vous eonfeille à vous 8c à mes autres amis de le
corriger. Quoiqu’il parle à l ’abbé de S. Thierri comme
étant de l'ordre de C lu g n i, ce n’eft pas que fon
abbaye ait jamais été unie à cette congrégation : mais
on y gardoit la même obfervance, qui eft ce que les
anciens appelloient proprement ordre.
x lix . Pierre abbé de Clugni fit de fon côté l’anolopie de
Apologie de r j } / . \ r . I O
pierre de ciu- ordre, par une lettre écrite a faint Bernard, où il
%ub. i.ef. zs. lui témoigne beaucoup d’eftime 8c d’amitié. Voici
les principaux reproches avec fes réponfes. Vous recevez
vos moines fans épreuve & fans obferver l ’an-
nee du noviciat. Réponfe. Nous craignons de leur
faire perdre leur vocation, 8c les expoier à retourner
au monde, s'ils n’étoiènt arrêtez parla penfée de leur
engagement. Vous recevez les fugitifs au-delà des
L i v r e Soi x a n t e -Sep t i e ’m e . 375
trois fois preferites par la réglé* Réponfe. C ’eft que
nous ne mettons point de bornes à lamifericorde de
Dieu. Vous permettez les fourrures dont la réglé ne
parle point. Réponfe. Elle permet engenéral d’habiller
les freres félon les faifons 8c la qualité des lieux.
Il repond de meme fur l’augmentation de la nourriture,
prétendant que ces pratiques font à la diicre-
tion du fuperieur. Vous négligez le travail des mains.
Reponfe. La réglé ne l’ordonne que pour éviter l’oi-
fivete ;• or nous 1 évitons, en rempliflant notre tems
par de iaints exercices : la priere, la ledure, la pfal-
modie. Sur quoi il allégué^l’exemple de S. Maur tiré
de fa vie apocryphe. Il ajoûte que les moines vivant
d herbes 8c de legumes peu nourriflantes, n’auroieot
pas la force de travailler à la campagne; 8c qu’il feroit
indécent de voir occupez à des travaux fi bas ceux
qui doivent garder la clôture 8c le filence , 8c v a quer
a la lç d u r e , à la priere 8c aux fondions eccle-
fiaftiques enfin qu’il faudrait être infenfé pour dire,
qu il ne ioit pas meilleur de p r ie r , que de couper un
arbre.
Objedion. Vous n’avez point d’évêque propre,
contre l'ufage, non feulement des moines, mais de
tous les chrétiens. Réponfe. Nous avons pour évêque
le pape,le premier 8c le plus digne de tous les
eveques, & il n ’a pas ôté notre églife à un autre
eveque , qui en fût en poiTeffion: mais il l’a gardée
a la priere des fondateurs, pour lui être foumifèàlui
feul ; 5c comme il eft trop éloigné pour nous donner
les faintes huiles, les ordres 8c le refte de ce qui eft:
au pouvoir des évêques, nous le recevons par fa per-
Hiiffion de tout évêque catholique* Au refte, noust
■ §
jf>. 687»