
* 4° 4 H i s t o i r e E c c l é s i a s t i q u e ;
A n. i i i 8. raifon preiTante de s’y trouver. Mais encore que le
foir il eût autremenr difpofé fon chemin, le lendemain
matin il fit dire à l’évêque: Nous irons à Paris
>• comme vous nous en avez prié, il entra dans les écoles
où le clergé s’affembla en très- grand nombre , 8c
il leur fit un fermon fur la converfion des moeurs ,
dont il montre la neceffité fans en diffimuler les dif-
ficultez ; 8c il en ouvre les moyens. Il fuppofe dans
tout ce difcours, que la plupart des ecclefiaftiques
étoient engagez dans le péché ; 8c il attaque deux
vices en particulier, l’ambition & l’incontinence.
** L ’ambition qui faifoit rechercher les fondions 8c les
dignitez ecclefiaftiques fans vocation ôc fans mérité;
fans avoir Congé ni à confervcr l’innocence, ni à fe
reconcilier à Dieu : l’incontinence, qui précipitoic
dans les crimes les plus affreux,ceux qui s’engageoient
temerairement au célibat.
L’effet de ce fermon fut la converfion de trois
clercs, qui renonçant aux vaines études > s’attachèrent
à celle de la vraye fageffe , quittèrent le monde
8c fuivirent S. Bernard. Quand le premier des trois
fe vint jetter à fes pieds, il dit à l’oreille à un moine ,
qui étoit près de lui : J’ai vû cet homme la nuit paf-
fée comme je le voi maintenant ; 8c c’eft pour lu i,
que Dieu nous a amenez ici. Il fe convertit fi bien >
que quelques années après il mourut faintement à
Clairvaux.
lxl. La converfion de Suger abbé de S. Denis, arriva
tabbéSugpr. * vers le même tems que celle de fon évêque 8c de fon
ttm.7 8 . métropolitain ; 8c S. Bernard l’en félicita par une
grande lettre, où il marque avec une fainte liberté,
lefcandale qu’avoit cauiédans l’églife le fafte 8c la
L i v r e Sq i x a n t e -Se p t i e ’me ; 405 -------
vie toute feculierede cet abbé : fes habits fomptueux, A n. i i z 8.
fa nombreufe fuite. Mais il le loue encore plus d’avoir
réforme fon monaftere tombé dans un grand
relâchement, comme Abailard s’en plaignoit fous « I » .
Adam predeceffeur de Suger. Cette maifon, dit S.
Bernard', fervoit aux affaires delà cour 8c des armées
des rois : le cloître étoit fouvent environné de gens
de guerre , 8c retentiffoit de plaidoyeries 8c de querelles
: les femmes y avoient quelquefois entrée. A
prefent on y fait de iaintes lcétures, & on y garde un
perpétuel filence. On n’admet plus les feculiers dans
cette maifon, on ne s’y entretient plus avec les gens
oififs , on n’y entend plus le bruit que faifoient les
enfans : on n’y entre que pour chanter les loüanges
de Dieu 8c accomplir des voeux. A la fin il s’étend
fur le fcandale que donnoit encore Eftiene de Gar-
lande , ami de Suger : qui ayant l’ordre de diacre, 8c
étant archidiacre, doyen 8c prévôt en diverfes égli-
fes, étoit en même tems fenechal du roi : dont en
cette qualicé il commandoit les armées, 8c prenoit
ce titre préferablemenc à tous fes titres ecclefiaftiques.
Car le fenechal étoit alors le premier officier de
la couronne 8c au deffus du connétable. L’abbé Suger
perfevçra dans la régularité , 8c s’appliqua avec
grand foin au rétabiiffemencde fon monaftere, comme
on voit encore 8c dans fes écrits 8c dans le bâtiment
de fon églife.
Il avoit trouvé dans les anciens titres de fon ab-
baye, que le monaftere d’Argenteüilavoitétéfondé «¡¡!^k|ÈnV
dès le tems des rois de la première race; 8c déflors
donné à S. Denis : que Charlemagne l’avoit obtenu
pour fa fille Theodrade, qui s’étoit confacrceàDiau
E e e iii