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A n .i n i . moines, 8c les obligea à payer promptement ces infidèles,
avec lefquels il leur défendit d'avoir aucun
c- "• commerce. Pierre Maurice, qui connoiffoit fon mérité
, l'appella à Clugni dès la premiere année qu'il
en fut abbé, fans toutefois le décharger du prieuré
de S. Martin, ils fe lièrent d’une amitié très-étroite.
8c travaillèrent enfemble à retrancher de C lugni plufieurs
abus qui s’y étoient introduits , tant dans la
g I4' nourriture, que dans le relie. Matthieu étant devenu
cardinal évêque d’Albane , ne changea rien de fes
obfervances monafliques : il ne retrancha rien de la
longue pfalmodie de C lu g n i, il continua de dire la
meiïe tous les jours : il gardoit la folitude dans le palais
du pape autant qu’il'lui étoit poifible. Le pape
s'en plaignoit fouvent, 8c voyant que l’évêque d’A lbane
venoit à peine fur les neuf heures à fa cour , au
lieu que les autres y venoient dès le matin , il d ifo it,
qu’il étoit trop moine. C e f i l’abbé Pierre qui nous a
confervéces circonllances de la vie du cardinal Matthieu.
- x l v i i i . Le relâchement de l’obfervance à Clugni dont il
déTÌBérnaràr parle , fut l’occafion de l’apologie de faint Bernard :
Mabm éc rite , comme il eil le plus vraifemblable, dès le
fuf.inAïoi. tèms de l’abbé Pons, dont la mauvaife conduite fut
fans doute la principale caufe de ce relâchement. Il
donna fujet à une grande difpute entre les moines de
Clugni 8c ceux de Cifteaux, touchant l’obfervation
de la regie de S. Benoiil dont ils faifoient profeifion
les uns 8c les autres, quoique fous des habits differens
8c avec différentes pratiques.
É ifÉ s g i 1 Ceux de C lugni pour décrier l’obfervance de C if teaux
comme impratiquable, attirèrent entr autres,
un
un jeune homme nommé Robert, coufin germain A n i i k î .
de S, Bernard, qui après avoir fait profeifion à Cî-
teaux , vivoit à Clairvaux fous fa conduite. Il avoic
été offert à Clugni par fon pere dans fon enfance ,
mais fans engagement, 8c s’étoit donné lui-même à
Cîteaux avec connoiflance de caufe : toutefois l’abbé
e C lu g n i, qui etoit alors.Pons, envoya un prieur à
Clairvaux, qui traitant de folie 8c d’indifcretion, l’au-
ftente qui s'y praciquoit, perfuada au jeune Robert
d^en fortir ; 8c 1 amena a Clugni, où on le revêtit auifi-
tot de 1 habit de 1 ordre, 8c on fit un grand triomfe de
cette conquête. Ils envoyèrent m êm e àR om e , où
ayant expofé ce qu'ils voulurent fans contradièleur,
ils obtinrent un jugement, qui ordonnoit que Robert
demeureroit chez eux; 8c en confequence ils fui filent
faire une nouvelle profeifion.
S. Bernard attendit long-tems pour voir fi Robert
touche de Dieu 8c du reproche de fa confcience, re-
• y ic? droic dc tai-meme ; enfin il lui écrivit une lettre
également pleine de tendreife 8c de force: où il lui re-
prcfente l’irrégularité de fa tranflation, la nullité du
reicrit dupape, 8c le péril de fon falut, s’il demeure en
cet état ; 8c il n’oublie pas de relever les relâchemens
de Clugni. Cette lettre fut accompagné d’un miracle.
Car faint Bernard pour la dièter plus fecrete- Vltx u
ment, etoit forti du monaftere, s’étoit aifis à dé- c' 11• ’
, c° uverc avec le religieux quiécrivoit fous lui : il fur-
vint tout a coup une pluie : le fecretaire voulut ferrer
le parchemin fur lequel il écrivoit. Mais S. Bernard
lui dit : C eil 1 oeuvre de Dieu, écrivez hardiment,
11 continua donc: 8; quoiqu’il plût par tout à l ’en-
tour, la lettre ne fut point mouillée. Guillaume abbé
Tome X I K A a a