
A n. 1 1 49
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ap. VetY»vi»e$*
XLV.
Premier Livre
de la Confide-
ration.
P roleg.
¿94 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
vallée même fut renverfée avec fes habitans. Il con-
tinua de marcher ce jour là : mais dès la nuit fuivante
il fe fentitvaincu Ôc comme forcé par l’efprit de Dieu:
en forte qu’il fe leva devant le jour & revint promptement
au monaftere.
Henri faifant profeffion à Clairvaux, laifia fes bénéfices
à Philippe fon ftere puifné ; & après qu’il eut
quelque tems pratiqué la vie monaftique dans cette
faintemaifon, il fut élû évêque de Beauvais fur la fin
de l’an 1149. S. Bernard confulta furcefujet Pierre
abbé de Clugni, qui lui répondit; Si l’éleétion s’eft
faite par le clergé Si le peuple unanimement avec le
confentement du métropolitain 8c de fes fuffragans:
ficomme j ’ai appris, on vous a fouvent prié de l’approuver
: fi le pape a déclaré fa volonté en écrivant à
l ’archevêque de Reims, que refte-t-il, finonde vous
foumettre à la volonté de D i e u , qui fe déclare par
tant de fignes ? 8t ne pas permettre que cette églife
fouffre plus long-tems par les voyages 8c les dépenfes.
Si vous vous défiez delà fcience de Henri, Dieu qui
lni a déjà fait de grandes grâces, peut lui en faire encore
de plus grandes. C ’efl: pourquoi il ne faut point
différer davantage la conclufion de cette affaire. Le
fuffrage de Pierre de Clugni contribua beaucoup à
la promotion de Henr i , comme il paroît par une
lettre du moine Nicolas fecretaire de faint Bernard.
En cette même lettre Nicolas dit à l’abbé Pierre,'
qu’il lui envoyé le livre de l’abbé de Clairvaux au
pape, c’eft-à-dire, le premier livre delà Confidera-
tion. S. Bernard entreprit cet ouvrage, comme il témoigne
lui-même, pour l’édification 8c la confolar
L i v r e S o i x a n t e - N e u v i e ’m e .
tion du pape Eugene, pour lequel il aveit toujours
une tendreffe de pere. D’abord il compatit à fa peine
d’avoir çté tiré des délices de la viefolitaire, 8c plongé
dans les occupations dont il efl accablé : mais il c-1’
l ’exhorte à craindre l’effet de la coutume , qui endurcit
Sc rend infenfible aux plus grands maux. Et
après avoir décrit les funeftes effets de la dureté de
coeur : Vo i là , d i t - i l , où vous entraîneront ces maudites
occupations, fi vous continuez à vous y donner
tout entier. Et enfuite: je vous prie , quel efl cet
état, d’entendre des plaideurs depuis le matin juf-
ques au foir ? encore les nuits ne font pas libres , à t.
peine laifTe-t’on au corps le repos neceffaire : vous n’avez
pas le tems de refpirer.
Et enfuite : ne me répondez pas que l’apôtre dit > '■
quêtant libre, il s’eft fait efclave de tous. Votre fer- i,c»-.w., ,
vitude efl bien différente. Voyoit-on venir à lui de
toute la terre des ambitieux, des avares, des fimo-
niaques, des facrileges, des concubinaires, desince-
ftueux 8c d’autres tels monftres , pour obtenir ou
conferver par fon autorité les dignitez ecclefiafli-
ques t il fe faifoit efclave de tous, pour les gagner à
Jefus-Chrift, non p®ur contenter leur avarice. Q u ’y
a-t’il de plus fervile 8c de plus indigne d’un fouve-
rain pontife, que de travailler continuellement à de
telles affaires 8c pour de tellesvgens ? Quand prions-
nous? quand inftruifons-nous les peuples ? quand
méditons-nous la loi de Dieu ? Car les loix dont ré-
tentit votre palais font celles de Juflinien.
Il l’exhorte donc à fe moins livrer à fes occupations
8c à les interrompre pour donner du tems à la confide-
ïation: c’eft-à: dire aux reflexions & à la méditation