
*— — — 40 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n. i i 19. tre, continuë-t-il, allant parle inonde, 8cdeclamant
impudemment contre moi, me rendirent pour un
tems méprifable a quelques puiiTances ecclefiaftiques
8c feculieres ; 8c répandirent des bruits fi defavanta-
geux de ma foi 8c de mes moeurs, qu ils aliénèrent de
moi mes principaux amis ; 8c obligèrent les autres
diifimuler leur affeétion. Dieu m eft témoin, que des
que j’aprenois qu’il fe tenoit quelque affemblec ec-
clefiaftique , je croyois que c’étoit pour me condamner
; 8c j ’attendois aufïï-tbt le coup de foudre. Souvent
mon defefpoir vin t a tel p o in t, que je mepropofois
de quitter le pays des Chrétiens, 8c de paifer cnez les
infidèles, pour y vivre plus en repos , en payant un
tribut ; 8c je croyois les trouver d’autant plus favorables
, que fçaehant que l’on m accufoit de n etre pas
bon Chrétien,ils croiroient me pouvoir attirer plus
facilement à leur feéte.
En cet état il fut élu abbe de S. Gildas en Bretagne
au diocefe de Venn e s, 8c 1 accepta pour fe mettre
à couvert de la perfecution qu il craignoit en
France. Mais il trouva un pays barbare, dont la langue
lui étoit inconnue , 8c dont le peuple etoit inhumain
8c defordonné. Les moines de S. Gildas étoient
auffi déréglez que le peuple. C ’étoit des hommes indociles
& d’une vie fcandeleufe ; 8c un feigneur du
pays avoit prisoccaüon de leurs defordres, pour s’emparer
de tous les lieux fituez proche du monaftere,
8c charger les moines d.e plus d’exadhions, que des
Juifs tributaires. Ces moines n’ayant plus rien en commun
, étoient réduits à s’entretenir chacun à leurs
dépens avec leurs concubines 8c leurs enfans, 8c ne
fôiftbient pa?' deprçffer leur nouvel abbé de leur donne?
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¡nér de quoi fubfifter, afin que n’y pouvant fatisfaire,
il fût réduit aies laiffer en repos dans leur défordre ,
ou à fe retirer. Ainfi il fut bien-tôt dégoûte de ce
nouvel établiflement, 8c trouva fa condition pire en
Bretagne qu’en France, il crut même que c ’étoit une
punition divine , pour avoir abandonné fa nouvelle
églife du Paraclet, 8c c’eft ce qui lui fit embraffer
avec joye l’occafion d’y mettre Heloïiè lorfqüelle
fut chaifée d’Argenteüi'l.
Quelques religieufes du même monaftere l’y fui-
virent : elles y vécurent d’abord dans une grande pauvreté
: mais avec le tems Heloïfe fe faifant aimer
par fon efpric, fa douceur 8c fa patience , attira les
bienfaits des prélats 8c des feigneurs du voifinage :8c
le Paraclet devint une abbaye de filles confiderable ,
comme elle eft encore. Abailard les vifitoic fouvent
ce qui donna fujet à de mauvais b ruits, 8c à l’accufer
d’avoir encore pour Heloïiè un attachement plus humain
que fpirituel. Elle de fon cc>cé n’en avoit que
trop pour lui , comme il paroît par fes lettres écrites
depuis ce tems : où l’on voit plus de tendreffe que de
modeftie, 8c ou elle affecte de montrer fon efprit 8c
fon érudition. Enfin elle avoue franchement, que ce
n’eft pas la dévotion , mais fa déference pour lui qui
l’a engagée dans la profeffion monaftique.
Henri évêque de Verdun étoit entré dans ce fiege
des le tems du pape Pafcal II. par la faveur de la reine
Mathilde fille du roi d’Angleterre, 8c époufe de
Henri V. Car ce prélat étoit Anglois, 8c avoit été
archidiacre de Vinchcftre. Dès fon entrée à l'épif-
copat il y trouva de grandes oppofitions ; 8c bien
qu’au concile de Reims en 1119. il eût obtenu fa con-
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A n. 11Z9.
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L I X .
Henri renonce
à l’évcché de
Verdun.
Hifi, epife. Vird.
to. 1 z , Spicil. p,
}08.