
ayz H i s t o i r e E c CLESIASTIQJJE. '
--------------grands prélats ont gouvernée.
A N. i iip . Nonobftant ces précautions du roi d’Angleterre
Turftain étant arrivé auprès du pape , fçut fî bien
mettre les Romains dans fes intérêts par fes largefles,
qu’ils lui firent obtenir d’être facré de la main du
pape. Ce rut le dimanche dix-neuviéme d’Oélobre
i i 19. la veille de l’ouverture du concile, avant que
les évêques Anglois fuiTent arrivez." La ceremonie fe
fit dans l’églife de faint R em i, où le moine Sieffred
envoie du roi d’Angleterre, aïant oui dire le matin
que Turftain alloit être facré , en fut tellement fur-
pris , qu’il ne le pouvoiteroire. Mais quand on en fut
affuré , Jean archidiacre de Çantorberi qui y étoit
venu exprès, s’approcha du pape , & lui foutint en
préfence de plufieurs évêques ôc d’autres perfonnes
confiderables , que ce facre devoit être fait par l’archevêque
de Çantorberi ; & que tour pape qu’il étoit
il ne pouvoir ôter à cette églifefon droit. Le pape répondit
: Nous ne voulons faire aücun tort à l’églife
de Çantorberi, mais nous exécuterons ce que nous
. avons réfolu fans préjudice de fa dignité. T ou t le
monde fut furpris de cette réponfe, & encore plus de
l’executïon; & plufieurs crurent qu’il avoir le confen^
tement du roi d’Angleterre. A ce facre alfifterent par
ordre du pape plufieurs évêques de Gaule> mais Hu-
baud archevêque de Lion n’y voulut pas aififter,
même par fon ordre : indigné de l’injure que l’on fai-
foit à l’églife de Çantorberi, avec laquelle il avoit une
liaifon particulière. Or quand le roi d’Angleterre
Peut appris, il défendit abfolument à Turftain & aux
fiens de revenir en Normandie, en Angleterre,ni en
jmçun lieu de fon obéjffance. Ainfi tout le monde
vis
L i v r e s o i x a n t e- s e p t i e’ m e .’ 175
vit clairement que ce facre s’étoit fait fans fon con- —— — —
Lentement. ^ N’ ^
Au concile de Reims fe trouvèrent quinze arche- Çoncilca| Rcims.
vêques & plus de deux cent évêques , avec grand 0r(/OTC. 8jS.
nombre d’abbez & d’autres ecclefiaftiques conftituez to. x. conc. p. 36/.
en dignité. Entre les archevêques on marque Raoul
le Vert archevêque de Reims, Leotheric de Bourges,
Hubaud de Lion , Geoffroi de Roiien , Turftain
d’Yorc , Daïmbert’de Sens , Giilebert de T ou rs , &c
Baudri de Dol. Giflebert avoit fuccedé à Raoul fon Hiß. jitnbaf.
oncle , nonobftant l’oppofition de Gautier tréforier
de faint Martin de Tours, & homme de mérité,dont
l ’éleétion étoit approuvée prefque de tout le diocefe.’
C e fchifme caufa une guerre dans la province , mais
le parti de Giflebert l’emporta. Baudri étoit d’OrleanS, oMc. m. f. m
&i fut moine & puis abbé de Bourgueil. Il fut facré Martenne Col*
archevêque de Dol à Noël 1114. par Girard évêque
d ’Angoulême, légat du pape Pafcal II. qui enfuite lui GÆ ° r ' *
envoïa le pallium. Il garda la vie monaftique dans
l ’épifcopat, & demeuroit le plus fouvent avec des
moines : car ne pouvant fouffrir la méchanceté des
Bretons , nation encore indomptée , il fe refugioit
fouvent en Normandie en des terres fur la riviere de
Rifle , données à l’églife de Dol dès le tems de faint
Samfqn. Là il s’occupoit à écrire & à enfeigner, car
il étoit un des fçavans hommes de fon tems, comme
il paroît encore par fes écrits. Il y mourut, & fut enterré
dans l’abbaïe de Preaux.
Entre les évêques du concile de Reims , les plus c en c .p .% jt .
diftinguez pour leur doétrine & leur éloquence,
étoient Gira’rd d’Angoulême, Haton de Viviers,
Geofroi de Chartres & Guillaume, de Chaalpns. La
Tome X IV , * - M m