
— ï 618 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
147. L’évêque reprit: Si je n’ai pas de foi, que la vôtre me
guerifl'e. Enfin le perele toucha en faifant le figne de
la croix, 8c aufli-tôt toute la douleur & l’enflure cefla.
Saint Bernard fit encore plufieurs miracles le mercredi
premier jour de l’année 1147. 8c le jour fuivant , qui
furent vus parle r o i , la cour ôc toute la ville de Spire
: mais l’auteur fe plaint, que le mémoire où ils
avoient été écrits fût perdu : ce qui marque qu’on les
écrivoit chaque jour, 8c que la relation en fut dreflée
fur ces mémoires. La cour fe feparale vendredi troi-
fiéme de Janvier , 8c S. Bernard partit pour Vormes.
Ici finit la première partie du journal de fes miracles,
8c commence la fécondé adreifée au clergé de Cologne,
qui contient le voyage de Spire jufques à Liege.
Le faint abbé étant arrivé à Vormes , n’y voulut
point fejourner , quoi qu’on l’en priât inftamment :
parce qu’il y avoit pafle deux mois auparavant , 8c
donné la croix à une multitude innombrable. Ils
paflerent à Cruzenach le jour de l’Epiphanie quiétort
le lundi ; 8c le jeudi fuivant neuvième de Janvier ils
arrivèrent à Cologne. Gomme on n’y actendoit pas le
faint abbé, la foule du peuple n’y fut pas fi grande ee
jour-là : car il entroit iecrettement dans les villes autant
qu’il pou voit, pour éviter les réceptions folem-
nelles : mais il le pouvoir rarement. Le famedi il fit
un fermon au clergé de Cologne , leur reprochant leur
vie peu regulicre , leur molelTe, leur oifiveté , leur
orgueil , 8c leur appliquant plufieurs menaces des
prophètes.
Le dimanche après avoir dit la mefleilprêchadans
la place, parce que le peuple ne pouvoit tenir dans
l’églife. Là, dit l’auteur, en notre prefence, un aveu-
L i v r e So j x - â n t e - N e u v i e’me. <?ij>
gle recouvra la vue 8c un manchot, qui avoit la main
lèche fut guéri. Et après quelques autres miracles il
ajoûte : Apres le dîner les miracles ne- nous manquèrent
point ce jour-là; ôc nous le favons certainement,
car nous les examinâmes avec foin. Le faint homme
étoit aune fenêtre, 8c on lui préfentoit les malades
par une échelle, car perfonne n’oiôit ouvrir la porte
delà maifon, tant étoit grand le tumulte 8c l’empref-
[ fement. Et enfuite : le lundi dès le grand matin, un
j homme fourd recouvra l’oiiie, 8c une fille aveugle
I la vue; 8c un peu après encore une femme aveugle,
I Là le concours ôc le tumulte fut fi grand , qu’à
I peine put-on ramener le faint homme au logis ;
I 8c je ne fai s’il s’y fit un plus grand miracle, que do
I ce qu’il échappa fain 8c fauf. A chaque miracle le
I peuple s’écrioit en Alleman : Chrift uns gyade, c’eft-
I à-dire, J. C . ayez pitié denous,-KyrieeletJon. Die Hei-
I ligen aile helffèn uns, Tous les faints iècourez-nous. Et
I enfuite : Nous fommes tous témoins de ces miracles
I 8c toute la ville de Cologne ils n’ont pas été faits
I dans un coin,-mais en public. Si quelqu’un eft in-
I credule ou curieux , il en peut examiner facilement
I une grande partie, principalement ceux qui ont été
I faits fur desperfonnes, quinefontni du dernier rang;
I ni inconnues.
C’étoitfans doute ces miracles, qui faifoient, que
I les Allemans fans attendre la langue du faint abbé ,
I écoutoient fes fermons avec une affeébion merveil-
I leufe; 8c en étoient plus touchez que des difcoursles
I plus éloquens. Ce qu’on reeonnoiflbit à les voir le
I frapper la poitrine, 8c verfer quantité de larmes. S.
I Bernard partit de Cologne le lundi treizième de
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A n . 1147.
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