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A m. i 147. gerac, à Cahors, à Touloufe, à Verfeuil, Scen d’auco<
i.c. 6. tres |ieux> Le plus fameux de tous ces miracles, eft
celui qu’il fit àSarlat en Périgord. Après le fermotr
on lui offrit plufieurs pains à bénir, comme on faifoit
par tout. En les beniifant il éleva la main , fit le figne
de la croix, 5c dit ; Vous connoîtrez que ce que nous
vous prêchons eft vrai; 5c que ce que les heretiques
vous prêchent eft faux, fi vos malades gueriffent après
avoir goûté de ce pain. Geofroi évêque de Chartres,
qui étoit auprès du fainr abbé , craignant qu’il ne
s’avançât trop, ajouta : s’ils le prennent avec foi, ils
feront guéris. Mais faint Bernard reprit : Ce n’eft
pas ce que je d is, mais affurément ceux qui en goûteront
feront guéris: afin qu’ils fâchent que nous fom-
mes véritables 5c vraiement envoyez de Dieu. Tant
de malades furent guéris après avoir goûté de ce
pain, que le bruit s’en répandit par toute la province;
5t le faint homme en revenant paffa par les lieux voi-
fins, n’ofant venir à Sarlat, à caufe du concours in-
fupportable du peuple.
tm-i-Andea. Une lettre écrite à tous les fideles par un moine
nommé Heribert, nous apprend quels étoient ces heretiques
de Périgord. Ils prétendoient mener la vie
apoftolique, ne mangeoient point dechair, 5c nebû-
voient point devin : faifoient cent génuflexions par
jour, 5c ne recevoient point d’argent, ils nedifoient
point Gloria Patri. Ils foûtenoient que l’aumône n’c-
toit point méritoire, parce qu’on ne devoir point avoir
de quoi la faire, ni rien poffeder. Ils comptoient
pour rien la meffe 5c la communion ; 6c fi quelqu’un
d’eux celebroit la meffe pour tromper le peuple, il ne
difoit point le canon,ninecommunioit, maisjettoit
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I J’hoftie derrière l’autel, ou dans le miffel. Ils n’ado-
roient ni la croix, ni l’image de notre Seigneur , di-
fant que c’étoit une idolâtrie. Ils avoient perverti
plufieurs nobles, à qui ils avoient fait quitter leurs
I biens, plufieurs ecclefiaftiques, moines 5c religieu-
I fes. Les plus igtiorans devenoient en huit jours fi
I favans avec eux qu’on ne pouvoit plus lesconvain-
I cre. On difoit qu’on ne pouvoit les retenir en priion
I 5c qu’ils faifoient des miracles. Leur chef étoit nom-
I nié Pons, apparemment difciple de Henri.
Albi,étoit la ville de tout le pays la plus infeètée
I de cette herefie, d’où vint enfuite le nomd’Albigeois
I à toute la feèfce. Le légat y arriva vers la fin de Juin ,
I Sc le peuple alla au-devant avec des afnes 5c des tam-
I bours par dérifion ; on fonna la meffe, 5c à peine s’y
I trouva-t-il trente perfonnes. Mais S. Bernard quiarri-
■ va deux jours après, fut reçu du peuple avec une gran-
■ de joye : le lendemain jour de S. Pierre il vint au fer-
I mon une fi grande multitude, que l ’églife, quoique
■ grande, ne la pouvoit contenir. Le faint homme par-
I courut tous les articles de leurs erreurs ; commen-
| çant par le faint Sacrement de l’autel, 5c leur expli-
I quant fur chaque point ce que les heretiques prê-
■ choient, 6c ce qui eft de la foi catholique. Enfin il
■ leur demanda ce qu’ils choififfoient. Tout le peuple
■ déclara qu’il déteftoit l’herefie, 5c qu’iLrevenoitavec
■ joye à la vérité catholique. Revenez donc â l’églife re-
Bprie S. Bernard; 5c afin que nous fâchions qui font
■ ceux qui fe répentent, qu’ils lèvent la main au ciel.
I Ils levèrent tous la main droite, 5c ainfi finit le fer-
I mon. Geofroi rapporte ce faitfcomme le plus grand
I miracle du Saint en ce voyage.
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