
~~--------- 548 H i s t o i r e E c c l es i a s t iqjj e!
A n. 1140. g ans s’éioient aifemblez àSens près de nous, en l’honneur
des reliques que nous devions découvrir ?u peuple
dans notre églife ; le roi de France Loüis étoit
ottoTrif.i. prefent à ce concile , avec Guillaume comte de Ncvers
5c Thibaud comte de Champagne. L’archevêque
de Reims y étoit avec quelques-uns de fes fuffra-
g an s , 5c tous les nôtres, excepté Paris 5c Nevers.
Il y avoir grand nombre d’abbez 5c defçavans eccle-
fiaitiques , Pierre Abailard y étoit avec fes parti-
fans.
L’abbé de Clairvaux produifit au milieu de l’afTem,-
blée le livre de la Théologie d’Abailard, 5c propofa les
articles qu’il’y avoir remarquez, comme abiurdes, ou
plutôt abfolument heretiques ; demandant qu’il déniât
les avoir écrits, ou s’il les avoüoit pour fiens ,
qu’il les prouvât , ou les corrigeât. Alors Abailard
paroiifant fe défier de fa caufe 5c ufer de fuites , ne
voulut point répondre ; 5t quoiqu’on lui donnât audience
en toute liberté , qu’il fut en lieu fur Sc devant
des juges équitables : il appella toutefois, trèsTaint
pere, à votre tribunal, & fe retira de raifemblée avec
les fiens. Pour nous, quoique cet appel ne nous parut
pas canonique, toutefois par déferenceau faint.fiege,
nous ne voulûmes prononcer aucun jugement contre
faperfonne : mais ayant fait lire & relire pluûcursfois
publiquement les propofitions de fa mauvaife doctrine
-, 5c l’abbé de Clairvaux ayant prouvé évidemment
, tant par de folides raifons, que par l'autorité
de S. Auguftin Sc des autres peres, qu’elles étoient
non-feulement faufles,mais heretiques: nous les condamnâmes
la veille de l’appel porté devant vous. Et
parce que ces dogmes induifent plufieurs perfonnes en
erreur, nous vous prions inftamment de les condam- Æn . i 1-401.
net par votre autorité y 5c de punir tous ceux qui les
défendront opiniâtrement. Que fi vous impofiez fi-
lence à Abailard, avec défenfe abfoluë d’enfei^ner
5c d’écrire, 6c condamnation de fes livres : vous arracheriez
les épines du champ de l’églife & la verriez
encore fleurir ôc fruétifier. Nous vous envoyons quelques
uns des articles que nous avons condamnez, afin
que par-là vous jugiez, plus facilement du reite de
l ’ouvrage.
Samfon archevêque de Reims, quiavoît affilié au
concile de Sens, écrivit auffi au pape fur cefujet : ou
plutôt lui fit écrire par S. Bemardune lettre , qui porte
les noms de trois de fes fuifragans, Jolfelin de Soif-
fons , Geoffroi de Châlons, Alvife d’Arras. il renvoyé
alalettre de l’archevêque de Sens, 5c dit parlant d’A -
bailard : Etant preifé par l’abbé de Clairvaux en pre-
fence de 1 eveque, il n a ni confelle, ni nié les erreurs:
mais quoiqu’il eût choifi lui-même 5c le lieu 5c le ju ge
, quoiqu’il n’eût ni lefion ni grief à alléguer , il a
appelle au faim: fiege. Les évêques par refpeit pour
votre fainteté, n’ont rien fait contre faperfonne : feulement
ils ont condamné les articles extraits de fes livres
5c déjà condamnez par les faints Peres, de peur
que le mal ne s’étendît. Parce donc - que cet homme
entraîne une grande multitude depeuple qui aeréan-
ce en lui : il effc necelfaire que vous arrêtiez ce mal
en y apportant un prompt renrede. .
Saint Bernard écrivit auffi en fon nomplufieurs let- rx-nr.
très a Rome fur ce fujet, 5c les envoya par Nicolas
moine de Clairvaux 8c depuis fon feeretaire, qui yi/i. £pif
®voit été prefent à tout. Il écrivit premièrement au
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