
i j 4 H i s t o i r e E c c l e s ì a s t i q u e .
8 naftere de la Pleine de Grâce avec un prêtre féculie'r
A n . i i i S. pOUr y f aire l’office. On y tranfportoit la defunte,
& il y avoit au convoi le nombre de religieufes réglé
pax l’abbeife. C ’eft ce qui m’a paru de plus fingulier
dans ces conftitutions du monaftere fondé par l’imperatrice
Irene,
ivr. Le pape Gelafe II. ne fe trouvant pas en sûreté à
«ap'ovcnccGca^ Rome en partit le fécond jour de Septembre 1118. Il
hmiuif.n.i& étoit accompagné de deux cardinaux prêtres, Jean
de Creme 8c Gui de fainte Balbine & de quatre cardinaux
diacres, dont le premier étoit Pierre de Leon,
avec deux nobles Romains 8c leur fuite. Ils furent
reçus à Pife avec grand honneur 8c le pape y fit un
fermon qui parut très-éloquent. Quelques jours après
il fe rembarqua & arriva en Provence au portdefaint
Gilles, où il futreçû par l’abbé Hugues 8c facommu-
nauté, & défraie libéralement pendant un affez long
féjour qu’il y fit. Là tous les évêques du païs, grand
nombre de moines, quantité de nobleffe 8c de peuple
fe rendirent auprès du pape &i lui offrirent leurs ier-
vices. Pons abbé de Clugni entre autres préfens donna
au pape trente chevaux, 8c l’abbé de iaint Gilles d ix ,
dont il fe fervit pour marcher dans le païs, Il y dédia
trois églifes 8c marqua avec des pierres les bornes
de leurs franchifes. Il confirma la primatie de l’égliie
de Tolede par une bulle adreiïée à l’archevêque
Bernard 8c dattée de faint Gilles le feptiéme de Novembre.
lvii. Pendant que le pape y é to it , S. Norbert l’y vint
Commencemens «ics Noriwrt. trouver, & oib ti• nt dYe Il uîi Il a permuiTii on dJ e praê ch1 er.
vit**?- Boll. 6. C ’étoit un jeune Seigneur Alleman né à Santen dans
f.ju. |e - q e cleves , qui ai'ant étudié étoit entré dans
L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’ m e . i j j
le clergé 8c avoit reçu le foudiaconat. En cette qua- -----
lité il le mit à la cour de Frideric archevêque de Co- A n .
lo gn e , puis à celle de l’empereur H en r i, 8c s’y fit
aimer & eftimer , non-feulement par fa nobleife 8c
fes grands biens, mais par fes qualitez perfonnelles,
fa belle taille , fa bonne mine, fes lettres, fa poli-
tcife , fa libéralité, fa douceur. Mais cette profperitc
penfa le perdre : comme le monde lui applaudiifoit,
il ne fongeoit point à l’éternité,il n’étoit occupé que
de fon ambition 8c de fon plaifir , il fuivoit tous fes
defirs fans fe rien refufer, &c les penfées de la vie
future lui fembloient des fonges 8c des fables. Un
jour comme il marchoit dans une agréable prairie ,
bien monté , yêtu de fo ïe , fuivi d’un feul v a le t , il
furvint un grand orage , des éclairs , des tonnerres
cffroïables. Son valet lui cria de retourner fur fes
pas -, 8c aufli-tôt un coup de foudre tombant aux
pieds de fon cheval brûla l’herbe , ouvrit la terre de
la hauteur d’un homme, & on fentit une odeur de
fouffre qui paroiifoit infernale. Norbert demeura
étendu d’un c ô té , lë cheval de l’autre & le valet
épouvanté.
Norbert parut mort pendant une heure , après
laquelle il revint comme d’un profond fommeil, &
dit en foi-même : Seigneur que voulez-vous que je
falfe ? Et fe répondit : Quitte le mal & fais le bien, Aa .
cherche la paix 8c la pourfuis. Il retourna donc fur fes
pas réfolu de fe convertir -, mais d’abord il ne voulut
rien changer à fon extérieur, il fe contenta de porter
un cilice fous fes habits précieux , 8c de travailler
au dedans à fe combattra lui-même. Il quitta la
cour 8c demeuroit chez lu i , ou dans l’abbaïe. de