
j H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. 1131. un écuycr : un pourceau s’engagea dans les jambes
de fon ch e v a l , 6c le fie tomber fur le prince fi rudement
qu'il en fut écrafé, 6c mourut lanuit fuivante
fans confeflion ni viatique , âge d environ quatorze
ans. C ’étoit le treizième d’Oêtobre , 6c on 1 enterra
folemnellement à faint Denis. L e pape 1 ayant açpris
envoya confoler le roi ion pere par Geoffroi eveque
de Chaalons ôc le cardinal Matthieu évêque d’Alba-
ne; 6c Suger 6c les autres confidens du roi craignant
à caufe de fa mauvaife fanté, qu’il ne manquât tout
à.coup: lui confeillerent de profiter de l’occaiîondu
concile ,6c d’y faire couronner Louis fon fécond fils
devenu l’aîné pour éviter les troubles qui pourroient
furvenir.
Le dimanche fu iv an t , qui étoit le jour de S. Luc
dix-huitiéme d’O&obre le pape étant à SoifTons, dédia
l’églife de faint Medard,puis il fe rendit a Reims
pour le concile, qui dura environ quinze jours. Ils y
trouva treize archevêques , deux cens foixante-trois
évêques 6c un grand nombre d’abbez, de clercs 6c
de moines François, Allemans, Anglois 6c Efpagnols.
V i u s . 1er*. Entre les abbez qui affiftoient à ce concile , le plus
lib. 11.c i. ¿jft ingué étoit faint Bernard : à qui le pape ne permettoit
point de fe féparer de l u i , 6c le faifoit affi-
fter avec les cardinaux aux délibérations publiques.
Les particuliers même s’adreffoient au faint abbe
pour leurs affaires ; 6c il en faifoit fon raport à la
cour du pape pour protéger les opprimez.
En ce concile l’éleétion du pape Innocent fut folemnellement
approuvée, 5c Pierre de Leonexcom-
munié , s'il ne venoit à refipifcence. On y publia
9°°- aulfrdix- fept canons de difeipline, déjà publiez au
concile de Clermont dé l’année p récédente, 6c repe- AN.1131.
tez pour la plupart des conciles plus anciens. Ceux
qui me paroiifent les plus remarquables font : Dé- c*»- ?•
fenfe à qui que ce foit de piller les biens des évêques
mo r t s , qui doivent être refervez pour l’utilité de
l ’églife 6c du fucceiTeur , fous la libre difpofition de
l ’oeconome 6c du clergé. Ce canon femble regarder
les pr inces, qui fe mettoient en poffeifion des évê-
chez vacans,comme Guillaume le Roux roi d’An g le terre.
Un autre canon défend aux moines 5c aux cha- c**- *•
noines réguliers d’étudier les loix civiles 8e la médecine
pour en gagner de l’argent. Car , ajoute le canon
, c'eft l’avarice qui les engage à fe faire avocats -,
6c ils employent leur voix deftinée au chant des pfeau-
mes, à plaider des caufes fans diftindtion des juiles 6c
des injuftes. Or les conftitutions impériales témoignent
qu’il efl: honteux aux clercs de vouloir être
habiles plaideurs. C ’eil auffi l’amour de l’a rg en t , qui
engage les chanoines 6c les moines contre l’eiprit de
leur profeffion, à méprifer le foin des ames, pour
entreprendre la guerifon des corps humains ; 6c arrêter
leurs yeux fur des objets dont l’honnêteté ne
permet pas même de parler. Enfin on menace de dé-
pofition , les évêques 6c les abbez qui confentent à
ces defordres.
Un auteur qui vivoi t dans le même tems , parle r M
r 1 1 . / j . 1 . WmL c. 17.
fortement contre les moines avocats* quimeditoient «h Gpf, m*r.
les décrets 6c les loix, au lieu de méditer les pfeau-
mes : qui cherchoient à défendre des mariages i llégitimes,
en étudiant les généalogies, car c’étoit une
des matières plus ordinaires de procès: quipaifoient
les Alpes chargez de papiers, pour aller àR'omeplai-
H h h i j