
A n. 1116.
XLVIIt.
Apologie de
Éiint Bernard.
Bern.opufc, j .
to. i . p. $z$.
c. i*
370 H I S T o i r e E c c l e s i a s t i cq je :
de faint Thierri qui rapporte ce fa i t , dit l’avoir appris
du religieux même qui fervoit de fecretaire. Cette
lettre n’eut point d’effet du tems de Pons : mais Pierre
étant devenu abbé de Clugni, renvoya Robert à faint
Bernard, qui depuis le fit abbé dans le diocefe de
Befajicon.
Les moines de Clugniaccufoient donc faint Bernard
d’être L’auteur de leurs différends avec ceux de
Cîteaux, ou du moins de les fomenter. C ’efl: pourquoi
Guillaume abbé de faint Thierri près de Reims,
qui avoit pour lui un refpeét 8c une affeélion fingu-
lie r e , l’excita à fe juftifier, 6c à marquer ce qu’il ju-
geoit digne de correétion dans les pratiques de
Clugni. C ’eft le fujet del’apologie de faint Bernard,
adrefféeau même Guillaume de faint T h ie r r i, 6c divi-
fée fuivant fon deiîr en deux parties. Dans la première
il protefte, que lui 6c les fiéns, font très-éloi-
gnez de blâmer aucun ordre-religieux; Sc qu’ils fe-
roient les plus malheureux de tous les hommes, fi
fous un habit méprifable ils cachoientl’orguëil 6c le
mépris des autres ; 6c fi l’aufterité de leur vie ne
fervoit qu’à les conduire plus triftement en enfer ,
par la médifance 8c l’hypocrifie. il loüe l’ordre de
C lu g n i, 6c marque quelques religieux qu’il a empêchez
de le quitter pour paifer à celui de Cîteaux.
il foûtient que là variété des ordres religieux ne
doit point altérer la charité. Car, d it - il,o ù trouvera
t-on jamais un repos aifuré, fi chacun de ceux
qui choififtent un certain ordre, méprife ceux qui
vivent autrement, ou croit en être méprifé ? puifqu’il
eft impoifible qu’un feul homme embraife tous les
ordres, ou un feul ordre tous les hommes ■ Et enfuite
L i v r e S o i x a n t e -Se p t ie’me . 3 7 1 ______
Ceux qui reçoivent diverfes grâces, foi t ceux de C î- An. 112.6
teaux ou de C lu g n i, foit les clercs réguliers, foit les
laïques fideles, tout ordre , tout fexc, tout âge, tou- *• *•
te condition, compofe la même églife, unique, belle
6c parfaite. Et encore : J’embrafle un feul ordre par
la pratique, 6c les autres par la charité, qui peut me
procurer le fruit de l’obfervance que je ne pratique
pas; 6c peut-être plus abondamment qu’à ceux qui
la pratiquent.
Puis s’adreifant aux moines de fon ordre qui blâ- rmoient
ceux des autres ordres, il leur dit : Qui vous
a établis leurs juges ? vous qui vous glorifiez de la
réglé ? pourquoi médifez-vous contre la défenfe c«-. iv. s.
de la réglé? pourquoi jugez-vous avant le tems, Swn,XIV,‘:-'ii
8c les ferviteurs d'autrui, contre la défenfe de l’a-
potre ? il avoue enfuite que la pratique de Clugni
n’eft pas entièrement conforme à la réglé dans les
habits, la nourriture, le travail : mais il foûtient
que l’eflentiel de la réglé ne confifte pas dans cet
extérieur. Vous avez grand foin , d i t - il , que votre
corps foit vêtu félon la réglé, 6c vous laiflez votre
ame dépoüillée de pie té , d’humilité, des autres vertus.
Vous vous accablez de tra v a il, 6c vous mépri-
fez celui qui travaille moins, mais qui a plus de
p ie té , préférée par S. Paul à tous les exercices corporels.
Il paife enfuite à la fécondé partie de fon
apologie, qui confifte à mùntrer ce qu’il trouve ef-r
feétivement de reprehenfible dans les pratiques de
Clugni. En q u o i, d it- il, je ne crains pas de choquer
ceux qui aiment l’ordre, puifque je n’en blâme que
la deftruéfion. Et enfuite :
J'admire d’où a pu venir encre des moines une tellç c-7-
A a a ij