
A N. n o 5.
Sup. liv. ix.n. x i.
'Vrfperfr
XLV.
Lettre de faint
Hugues de C lu -
gni au roi Phi-
lippe.
S p ic il. tom. £• ep.
\%.p. 401.
5 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ."
vent nommé ‘Henri le vieux par rapport à fon fils. Il
avoit régné cinquante ans, & Henri V . fon fils en
régna dix-neuf. Il fut alors reconnu de tous pour roi
d’Allemagne , & le fchifme , où le prétexte a ’en ac-
cuferceux du parti contraire, ceffa entièrement. L’é-
vêque de Liege fut reçu comme les autres à la communion
; mais parce que l’empereur.étoit mort chez
lu i ,& qu’il l’avoit enterré dans fon égliie ,o n l’obligea
à le déterrer comme excommunié , & le mettre
en un lieu profane, d’où le roi permit qu’on le
transférât à Spire ; & il y demeura cinq ans dans un
cercueil de pierre hors de l’églife.
Hugues abbé de C lugni prit otcafion de cette mort
pour exciter le roi de France Philippe à faire pénitence.
Ce prince lui avoit témoigné qu’il vouloir
paifer le refte de fes jours en union avec lu i, & lui
effroit fes bonnes grâces, lui demandant une amitié
réciproque : ce qui donna lieu à l’abbé de lui écrire
en ces termes : Puifque Dieu me donne une ouverture
pour vous parler familièrement, je vous dirai ce
que je penfe, & que je defire depuis long-tems : c’eft
que vous aïez déformais plus d’inclination & d’af-
fe&iori pour le bien, je dis pour le virai & fouverain
bien , qui eft Dieu. Souvenez-voUs que vous m’avez
une fois demandé fi jamais quelque roi setoit fait
moine y je vous ai répondu qu’oui ; & quand il n’y
aur'oit que le roi Gontran, fon exemple fuffiroit.
Nous ne trouvons point ailleurs que dans cette lettre
que le roi Gontran fefoit fait moine. Hugues continue:
La trifte fin des princes vos voifins& vos contemporains
doit vous toucher & vous épouvanter:
je parle de Guillaume roi d’Angleterre & de l’empe-
L l V R E S O 1 X A N T E -C I N QJÇJI E M E . 3 1 .
reur Henri : l’un a été tué 'dans un bois d’un coup de '— ; ; •
fieche l’autre vient de mourir au milieu des amie-
rions dont il étoit accablé, comme je croi que vous
l’avez déjà appris. Qui peut fçavoir en quel état ils font
à preient l’un & l’autre ? Prenez donc, cher prince, un
bon confeil pour votre ame : changez de vie,corrigez
vos moeurs , approchezvous de Dieu par une vraie
pénitence & une parfaite converfion. Or vous n’en
trouverez point de chemin plus facile & plus fût que
la profeftion monaftique, Nous fommes prêts â vous
recevoir, à vous traiter en roi, & à prier pour vous le
toi des rois,afin que de l’état monaftique il vous faiTç
paifer au roiaurne éternel.
Saint Arifelme étoit toujours â l’abbaïe du Bec,, xlvt.
i l / ' 1 • 1» A Retour de faîne otf il attendoit le retour dçs députez que le roi d A n - Anftime eu Angleterre
& lui avoient envoïez à Rome. Cependant glctcllc‘
fi apprenoit de triftes nouvelles des exaébions que cç Edmer'
prince faifoit dans fon roïaurne, non feulement fur
le peuple , mais fur le clergé. Le prétexte étoit dç
faire obferver les deçrets du dernier concile de Londres
touchant la continence des prêtres. Car comme
pendant l’abfenee d’Anfelme, plufieurs avoient repris
pu gardé leurs* concubines , on les puniffoit par des
' amendes au profit du roi. Mais, le produit s’en trouvant
moindre que fes officiers n’çfperpient : on; étendit
l’impofitionfur ies-innoçens, commç^ùr les coupables,
ôton taxageneralement tous les curez. Ceux
qui ne vouloientouhepouyoient païer, étoient pris
aveçfcandale , emprifonnejz & tourmentez?. Environ
deux cens fe prefenterent au roi pour s’en plaindre ,
revêtus de leurs habits façerdotaux.j mais il ne voulut
pag Içs éçouter, les fit çh^ffer honpeufement, A n -
M - i j