
i ? o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
------------- le froid & les autres incommoditez : ils en furent
A N. 1119. épouvantez & dirent : Nous ne voulons point d’un
tel fuperieur, qu’on nous laiiTe vivre fuivant la coutume
de nos prédeceifeurs. L’évêque de Laon retint
Norbert avec lui le refte de l’h ive r, tâchant de rétablir
fon corps atténué par le jeûne & par le froid ; & le
priant inftamment de demeurer dans fon diocefe.
Comme Norbert avoit déclaré qu’il cherchoitlafoli-
tude, l’évêque le menoit en divers lieux pour voir s’il
.en trouveroit quelqu’un à fon gré. Il céda enfin à fes
prières , & à celles de plufieurs perfonnes pieufes,
nobles & autres , & choifit un lieu très-folitaire
nommé Prémontré , pour y établir fa demeure.
x S. Vital de Savigny fe trouva aufli au concile de
de^'avf™ V*tal E-eims 3 & y prêcha avec tant de force , que le pape
ru* s. m. Callifte déclara que perfonne jufques-là ne lui avoit
fi bien reprefcnté les obligations des papes. Callifte
lui fit des préfens, & écrivit en fa faveur aux évêques
du Mans& d’Avranches, au comte de Mortain& aux
feigneurs de Fougeres & de Mayenne. L’année fui-
vante 1120. V ital transfert en un lieu plus éloigné les
religieufes qui étoient à la porte de ion monaftere :
car il l’avoit fait double d’hommes & de femmes , à
l ’exemple defon ami Robert d’Arbriffelles. La même
année il prêcha encore en Angleterre, & y fit quantité
de converfions : car encore qu’il prêchât en
Roman, ou François du tems, ceux mêmes qui ffen-
tendoient pas fa langue , étoient touchez de fes fermons.
Il n’épargnoit perfonne , fur tout les eccle-
fiaftiques déréglez , qui confpirerent plufieurs fois
contre fa vie.
Enfin l’an n i l . il tomba malade dans le prieuré
L i v r e s o i x a n t e - s e p t i e ’ m e . 291
de Dampierre , que le roi Henri I. lui avoit donné
trois ans auparavant. Apres avoir reçu fes facremens
le lendemain qui étoit le feiziéme de Septembre , il
fe trouva le premier à l’églife pour matines -, & après
les avoir chantées, & commencé l’office delà Vierge,
il expira faintement. Il fe fit plufieurs miracles pendant
trois jours que fon corps demeura expofe a la
vénération du peuple ; &c les moines donnerentauifi-
tôt avis de fa mort aux plus célébrés églifes de France
¿¿d’Angleterre, dont ils reçurent des réponfes pleines
d’éloges du Saint que l’on conferve encore à Savigni.
Il avoit gouverné dix ans ce monaftere, & fa vie fut
éciite par Eftienne de Fougeres, chapelain d’Henri
II. roi d’Angleterre, & depuis évêque de Rennes.
Son fucceifeur fut Geofroi , qui gouverna l’abbaïe
de Savigni pendant dix-fept ans, & eft aufli compté
pour faint.
Au mois de Novembre 1119. le pape Callifte vint
en Normandie conférer avec le roi Henri d’Angleterre
: ce fut à Gifors, & le roi reçut avec toute forte
d’honneur le pape , qu’il reconnoiifoit pour fon parent.
Il fe jettaàfes pieds, le pape le releva, l’embraiTa
&c lui parla ainiî : Au concile de Reims j’ai promis de
travailler pour la paix : c’eft pour ce ftijet que je fuis
venu i c i , & je vous prie d’y concourir de votre part.
Le roi promit d’obéir à tout ce qu’ordonneroit le pape,
qui reprit ainfi : Comme il faut fuivant la loi de Dieu,
rendre à chacun ce qui lui appartient, le concile vous
prie de rendre la liberté 'à. Robert votre frere j & le
duché de Normandie à fon fils.
Le roi répondit : Je n’ai point dépouillé monfrere
de la Normandie , mais j’ai délivré cette province
O o ij
A n . 1119.
Chr. Savigt-.to.x.
Mifcell. BatUX,.
p. 310.
"Rob. de Moni’e
an- mS„
X I .
Conférence de
Gifors.
Order. lib• ü »
p. 864.