
i 6'3 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
---------- — couvrit : on le tira du tonneau par les ch ev eux , Si
A n . u n . on Je traîna dans le cloître des chanoines, Il deman»
doit mifericorde aux bourgeois, leur promettant une
infinité d’argent, & les amirant avec ferment qu’i l
ne feroit plus leur évêque, & qu’il fortiroit du païs :
mais un d’eux leva une cognée dont il lui fendit la
•tête ; & comme il tomb oit, un autre lui tailla le vi-
fage par le milieu au deflous des yeux. On lui coupa
les jambes, &c on lui fit plufieurs autres plaies : un des
meurtriers lui coupa le doigt pour avoir fa bague ;
enfin on lejetta tout nuddan? un coin de la rue , où
les paflans lui infultoient encore par des moqueries ,
*, io. & lui jettoient des pierres & de la terre. Il demeura
ainfi jufques au lendemain matin , que le doïen A n -
felme le fit enterrer fans cérémonie à la hâte dans
l ’éghfe de faint Vincent.,
» }■ Cependant on mit le feu à la maifon de l’évêquc g
jppmd. a siget. d’où il prit à l’églife cathédrale, à celle de S. Jean ,
alors abbaïe de filles, & à d’autres .qui furent brûlées
environ au nombre de douze. Lés bourgeois les
plus coupables craignant la vengeance dp ro i,fe rc-
f. ii. tirèrent ious la protedtion de Thomas de Marie , le
plus cruel tyran du païs : la ville abandonnée fut ex-
pofée au pillage ; mais les deux freres Anfelme &
n,tm. de mime. R a o u l, autant recommandables par leur vertu que
h *• v par leur doétrine, y demeurèrent pour la confolatipn
de ceux qui reftoient, les exhortant par les fentencc?
de l’écriture fainteà ne pasfuccomberaux affliétions,
f.ft. Quelque tems après Raoul archevêque de Reims,
vint à Laon réconcilier i’églife cathédrale profanée,
e’eft-à-dire, ce qui en reftoit : il^lïa aufli -faintr
yineeni,oû if dit une meffc folemnelle pour l’éyêque
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L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’me. ' 169
Gaudri, pour lequel on n’en avoit point dit encore. -
En cette melfe il, prêcha fortement contre les c om -A n . m a .
munes qui' fervoient de prétexte aux ferfs pour fe
foüftraire à la puiiTance dé leurs feigneurs, alléguant
l'autorité de faint Pierre , qui leur ordonne d’être r- Tet- ll-
fournis à leurs maîtres , quoique fâcheux ; & les ca- G«ngr.c.s,
nons qui défendent de détourner les efclaves de l’o-
béilfance de leurs maîtres fous prétexte de religion.
Il en parla fouvent auili à la cour du roi & en di-
verfes alfemblées.
Après la mort de Gaudri on demanda permiffion Guib.c. 14 c;
au roi d’élire un évêque de Laon j mais il nomma fans
éleébion H ugues doïen d’Orleans, pour donner le
doïenné à Etienne fon chancelier, qui ne pouvoit
être évêque. Hugues ne tint le fiege de Laon que
fept mois, après lefquels par le confeil d’Anfelme ,
de R a o u l, & des plus gens de bien , on élut Barthe-
lemi chanoine & tréforier de N . D . de Rheims , rc- »>„.
commandable par fa noblelfe & par fa vertu. Il fu t 1' c' pj
élu légitimement, mais malgré lu i, & tinTTïrfiege
pendant trente-huit ans. Guibert de Nogent marque
qu’au faere de ces évêques on confultoit l’écriture
fainte pour trouver le pronoftique de leur pontificat,
n i r * n* •' 1 • n * 1 S u p .liv .x x x 1. ». qui elt la luperltition que les anciens appelloient le 1 con c. A g a th . c+
fort des faints. . £
Pour rebâtir l’églife cathédrale de N. Dame de Herm' c' !'
L a o n , on réfolut de faire une quête par les provinces
de France, en portant la chaffe des reliques
que 1 on avoit fauvée de l’incendie ; car c’étoit l’ufage guü. i. de pign.
de queter ainfi en pareilles occafîons. On choifit M' c‘ l' 6"
pour accompagner les reliques, fept chanoines & fix
ïaiques, qui partirent à l’o ftave de l’Aicenfion, &
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