
i8 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
«----- gouverné ce monaftere en qualité de prieur, en fut
A n . ii 14. le premier abbé. Les chanoines y celebroient avec
grande exactitude 1’offi.ce divin à toutes les heures du
Jour & de la nuit : ils travailloient de leurs mains >
gardoient un grand filence, & ne Iaiflbicnt pas d e-
tudier & d’enfeigner : en force que cette maifcn devint
une des plus fameufes écoles de la Chrétienté.
Elle fut chef de congrégation , & plufieurs monaf-
teres de chanoines réguliers fuivoient la même ob=
fervance.
RaîÎTube f i ^ cinq ans que le fiege de Cantorberi étoit
v.êcjvie de Cantor- vacant depuis la mort de S. Anfèlme , Sc cependant
le roi H e n r i, a 1 exemple du roi Guillaume ion frerej
s’f ° ^ mf en poiTeffion detousles biens de cet archevêché
, à la réferve de la menfe monacale. C ’étoiî
Raoul eveque de Rochefter, qui faiioit à Cantorberi
les fonctions epifcopalcs. Enfin le roi Henri preifé
par les admonitions du pape & les prières des moines
de Cantorberi & de plufieurs autres perfonnes, affem-
blales évêques &. les feigneurs. d’Angleterre à Oüind;
fo r , pour les confulter fur le choix d’un archevêque.
Quand la cour fut affemblee, 1 opinion commune
étoit que ce. feroit Fabrice abbé d’Abendon ; & en
effet c’étoit la penfée du roi. Fabrice étoit un Italien
homme d’un grand méritémais les évêques & quelques
uns des feigneurs vouloient que l ’on prît un
évoque d’entre le clergé , ou un clerc de la chapelle
du roi. On leur obje&a que depuis S. Auguftin, tous
les archevêques, de Cantorberi a-voient été tirez de
1 ordre monaftique, & qu’il n’y avoit aucune raifon
de changer une coutume fi>ancienne, à quoi ils furent
obligez d acquiefccr. Tous les é.vêques donnèrent
L i v r e s o i x a n t e - s i x i e ’ m e . i S *>
donc leurs fuffrages à Raoul évêque de Rochefter, & -----------—.
le roi y confentit, pourvu, que les moines & le peuple A N. 1114,
de Cantorberi en fuffent d’accord. Ainfi il fut élu
avec une approbation generale le vingt-fixiéme d’A-
vril 1114.. & prit poffeffion à Cantorberi le dix-fep-
tiéme de May.
I Raoul étoit né en Normandie , & étant moine à <w««-
faint Eftienne de C aën ,il avoit étudié fous Lanfranc.
Enfuite il fut abbé de faint Martin de Sées, & à l’oc-
cafion d’un différend qu’il eut avec Robert ièigneur
de Bellême , il paffa en Angleterre où il s’attacha à
faint Anfelme qui le fit évêque de Rochefter en 1x08.
II étoit déj^ vieux &• valétudinaire quand il fut élevé
fur le fiege de Cantorberi, qu’il remplit pendant
huit ans. Ses moeurs étoient fans reproches, on la c -
eufoit feulement d’aimer trop la plaifanteric. A u
mois de Novembre 1114. il envoïa trois députez à
Rome pour lui apporter le pallium ; & Ives de Char-
très écrivit ainfi au pape Pafcal en fa faveur : Vous
fçavez combien de tems l ’églife de Cantorberi eft de^
meurée fans pafteur depuis la- mort de l ’archevêque
Anfelme : comme le roi d’Angleterre en a emploie
les biens en des ufages profanes, & quel foin il a eu
de ne pas permettre que l’on y fît d’éleètion. Maintenant
après vos reproches , après les avertiffemens
des évêques du païs , cette églife a enfin élu du;
conientement du roi ,, Raoul évêque de Rochefter,
homme recommandable par fa fcience & fa vertu. Il
auroit voulu vifiter en perfonnele faint fiege, félon
4a coutume ; mais il en a été empêché tant par la
foibleffe de fa fanté, que par le péril du voi'age. Ives
exhorte enfuite le pape à ufer de condefcendance , ,
A a ii j