
An. 1139. de S. A uguftin, ôc fans, vivre en communauté, vous
loient pafter pour religieufes demeurant dans leurs
maifons particulières, où fous pretexte d’hofpitalité y
elles reçoivent toutes fortes d’hôtes,. même peu ver-
,¿§1 tueux. On défend auflî aux religieufes de venir chanter
dans un même choeur avec des chanoines ou des,
moi nes. En ce concile on répété mot pour mot le troi-
svp.tiv.wiu {¡¿me canon du concile tenu à Touloufe par le pape
Callifte II. en 1119. contre les nouveaux Manichéens,,
qui rej ettoient les facremens : ce qui montre que ces
heretiques continuoient de fermer leurserreurs * ôc la
fuite ne le fera que trop voir,
i/v.. Le concile de Latran condamna aufti celles d’Ar-
M y naud de Brefle fimple leètcur , ôc autrefois difciple
f™'*- cmc'Ÿ' d’Abailard. l in e manquoit pas d’efprit, & parloit
ex on. vtipng^ ayec plus facilité que de folidité ,, aimant les opi-
aùnth. .%». nions nouvelles ôc iingulieres. Etant revenu en. Italie
1 après avoir étudié long-tems en Erance , i l f c revêtit
d’un habi t de religieux pour fe faire mieux écouter 5.ô£
commença à declamer contre les évêques,, fans épargner
le pape, contre les clercs ôc lesmoines, ne datant
que les laïques. Il difok qu’il n’y avoir point de fa-
lut pour les clercs qui avoient des biens en propriété
, pour les évêques qui avoient des feigneuries., ni
pour les moines qui pofledoient des immeubles j.que
tous ces biensappartenoient au prince, que lui feul
pouvoic les donner ôc feulement à des laïques ; que
le clergé devoir vivre des dîmes ôc des oblations v o lontaires
du peuple , fe contentant de ce qui fuffit
pour une vie frugale. On difoit d’ailleurs qu’il n avoic
pas de bons fentimens du faint facrement de 1 autel
ôc du, batême des enfans.. Par fes difeours p
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i e ’m 'ë . 531
croubloit l’églife de Brefle fa patrie ; ôc expliquant AN>II3?*
malicieufement l ’écriture fainte, il animoit les laïques
déjà mal difpofez contre le clergé. Car le faite
des évêques ôc des abbez, ôc la vie molle ôc licen-
cieufe des clercs ôc des moines , ne lui donnoit que
trop de matière : mais il ne fe tenoit pas dans les bornes
de la vérité.Ses difeours firent un tel effet, qu’à
Brefle ôc dans plufieurs autres v illes, le clergé* tomba
dans le dernier mépris , ôc devint l’objet de la raille- .
rie publique. Arnaud fut donc accufédans le concile
de Latran par fon évêque ôc par des perfonnes pieufes-,
ôc le pape lui impofa filence. Il s’enfuit de Brefle ,
paflales Alpes , Sc fe retira à Zuric , où il s’arrêta,
recommença à dogmatifer, ôcen pendetems infedta
tout le pays de fes erreurs.
Le dernier canon du concile de Latran déclaré Schifmîtiques
nulles les ordinations faites par Pierre de Léon ôc par a£pofcz.
les autres fchifmatiques ôc heretiques. C ’eft-à-dire,
comme l’explique un auteur du tems, que le pape
interdit pour toujours, ôc dépofa ceux qui avoient Chr, M/niritin
été ordonnez par les fchifmatiques, principalement
par l anti-pape & par Girard d’Angoulefme : avec
défenfe de monter à un ordre fuperieur. Enfuite il
appella par leur nom chacun des évêques prefens au
concile ordonnez dans le fchifme -, ôc après leur avoir
reproché leur faute avec indignation , i l leur arracha
les crofles des mains, les anneaux des doigts ôc les
palliums des épaules. Pierre de Pife ne fut pas exemt
de cette rigueur, ôc le pape le priva de fa dignité,
quoiqu’il la lui eût rendue quand il quitta le fchif-
®e à la perfuafion de S. Bernard. C ’eft dequoi le
Paint abbé fe plaignit au pape par une lettre très- hj.
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