
S u p . liv . XXXI I .
* • 43*
X I V .
Croifade en
France.
tom. x . concil».
p. I I oo.
Ott. i .F j -id.c.
if.
Vit a lib. n i .
C» 4 .
Bern. | p 413.
616 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
cinquante ans auparavant fous le pontificat d’Urbain
II. ôc l’évêché de Tournai eftdemeuré feparé de celui
de No yon, après lui avoir été joint depuis le tems de
faint Medard pendant fix cens ans.
Le roi Louis le jeune, ayant reçu du pape une
réponfe favorable touchant lacroifade, tint un grand
parlement à Vezelai en Bourgogne; où l’on croyoit
avoir alors les os de fainte Madelaine, comme .témoigne
Otton de Frifingue : on tint ce parlement à
la fête de Pâque,qui cette année 1146. fut le tren-
te-uniéme de Mars. Les évêques 8c les feigneurs de
France s’y trouvèrent en grand nombre ; 8c entre plu-
fieurs abbez , faint Bernard fut chargé de prêcher la
croifade. Le roi l’y avoit déjà invité jufqu’à deux
fo is , 6c le pape lui en avoit écrit : mais il ne put s’y
refoudre, qu’après en avoir reçu l’ordre exprès par la
lettre générale du pape.'Comme il n’y avoit point à
Vezelai de lieu aifez grand pour contenir toute la multitude
qui s’y étoit aflemblée, on dreifa en pleine campagne
un échafaut, fur lequel le faint abbé monta
avec le roi. Il prêcha fortement, le roi parla aulfi fur
le même fujet; on lut la lettre du pape; 6c de tous
cotez on c’écria pour demander des croix. On en
avoit préparé un paquet, qui fut bien-tôt diftribué;
8c comme il ne fuffifoit pas, Bernard fut obligé de
mettre en pièces fes habits pour y fuppléer; ôc il fit en
cette occafion un grand nombre de miracles. Avec
le roi fe croiferent la reine Alienor fon époufe, 6c
grand nombre de feigneurs: entre autres Alfonfe
comte de faint Gilles 8c de Touloufe , Henri fils de
Thibaut comte de Blois 8c de Champagne, Gui
comte de Nevers ôc fon frereRenaud comte de Ton-r
nerre,
L i v r e S o i x a n t e - N e u v i e’m e.' <117 —----------
nerre, Robert comce de Dreux frere du roi , Ives An. 114«».
comte de SoiiTons ; entre les prélats on nomme Simon
évêque de No yon, GeofFroi de Langres, Arnoul
de Lifieux.
Pourregler plus particulièrement le voyage, on
j indiqua un autre parlement à Chartres au troifiéme
I dimanche d’après Pâques, vingt-uniéme d’Avril.
] Pierre abbé de Clugni y fut invité,comme un de
ceux dont le confeil étoit le plus neceiTaire. S. Ber- 17«
nardôc l’abbé Suger lui en écrivirent ; 6c par fes ré- 1
ponfes on voit combien il étoit couché du péril de
l’églife d’Orient : mais il s’exeufa de fe trouver à
l ’aiTemblée de Chartres, tant fur fa mauvaife fanté ,
que fur ce qu’il avoit convoqué un chapitre à Clugni
pour le même jour. Amedée archevêque de Lion b«*«/« W-
6c GeofFroi archevêque de Bordeaux s’en exeufe- 134,15s’
rent aulfi : le premier , principalement à caufe du
refus que faifoit l’archevêque de Sens de lereconnoî-
tre pour primat. L'aflemblée de Chartres fe tint, ôc
tous d’un confentement,unanime,y voulurent élire S.
Bernard pour chef de la croifade : mais il le refufa con-
ftamment, comme il le manda au pape Eugene dans *■!«•
une lettre, où il l’exhorte à preiTer avec tout le zele
poifible cette entreprife, 5c à employer à cette occafion
I le? deux glaives de l’églife.
C ’eil que fur le fondement de cette parole des Apc»- Iw‘ xx"-i*'
très a Jefus-Chrift ¡Seigneur, voici deux glaives:on
| pretendoitqueces deux glaives fignifioient la puiiTan-
ce temporel ; qu’on appelloit le glaive matériel, ôc la
puiffanee ecclefiaftique qu’on appelloit le glaive fpi-
rituel ; 6c c’eft en ce fens que S. Bernard dit dans
sette lettre,l’un 6cl’autre glaive appartient àPieire,
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