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5&K. E140. il paroiffoit le dernier par la pauvreté de ion habit.
Dans les procédions comme il marchoit devant moi
félon la coutume, j’admirois qu’un homme d'une fi
¡grande réputation pût s’abaiiler de la forte, il obfer-
voit dans la nourriture &c dans tous les beloins du
corps la même (implicite que dans les habits -, & con-
damnoit par fes diicours & par fon exemple, non feulement
le fuperilu, mais tout ce qui n’eft pas abfolu-
ment necelfaire. Il lifoit continuellement, prioit fou-
vent , gardoit un perpétuel filence : fi ce n’eft quand il
étoit foïcé à parler,ou dans les conférences,ou dans les
fermons qu’il faifoità la communauté, il offroit fou-
vent le faint facrifice, &c même prefque tous les jours
depuis que par mes lettres & mes follicitations il eut
été reconcilié au faint fiege. Enfin il n’étoit occupé
que de méditer ou d’enfeigner les veritez de la religion
ou de la philofophie.
Après qu’il eut ainii vécu quelque tems à Clugni ,
voyant que fes infirmitez augmentoient , je l’envoyai
prendre l’air au prieuré de faint Marcel près
Challon fur Saône ,qui eft la plus agréable fituation
de toute la Bourgogne. Là continuant fes lectures ,
& fes exercices de pieté , il fut attaqué d’une maladie
qui le reduifit bien-tc>t à l’extremité. Tous les re ligieux
de ce monaftere font témoins avec quelle dévotion
il fit alors premièrement fa confeffion de foi, puis
celle de fes pechez, & avec quelle fainte avidité il re-
^ut le viatique. C ’eftainfi queledidféur Pierre a fini
fes jours. L ’abbé de Clugni joignit à cette lettre l’é-
pitaphe d’Abailard, où il marque qu’il étoit mort
<#. Mail. 341. le vingt-uniéme d’Av ril. Son corps fut enfuite porté
furtivemen t à l’abbaye du Paraclet : mais l’abbé Pierre
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L i v r e S o ix A N T E - H u iT iE ’k e.
y alla lui-même en faire don à cette communauté-,
il y célébra la me (Te le feiziéme de Novembre , puis
il fit un fermon aux religieufes en chapitre. C ’eft ce
qui paroît par la lettre de remerciment qu’Heloïfe
lui en é c riv it, où elle lui recommande fon fils Aftra-
labe, pour lu i obtenir une prebende de l’évêque de
Paris, ou de quelque autre. Pierre de Clugni dans fa
reponfe, promet de faire tout ion poffible pour Aftra-
labe : mais il ajoute que la chofe eft difficile , & que
les évêques ne manquent pas d’exeufes pour fe dif-
penfer de ces fortes de preiens. A cette lettre il en
joignit deux autres qu’Heloïfe lui avoit demandées,
l ’une pour lui promettre un trentain de méfiés dans
Clugni lorfqu’elle mourait : l ’autre eft une abfolu-
tionpour Abailard , comme il étoit en ufage d’en
donner aux morts,j’en ai rapporté des exemples:mais
ce n’étoit que des. fuffrages pour le repos de leurs
âmes.. Abailard.mourut l ’an 1141. âgé de ioixante-
trois ans.
Guillaume abbé de S. T h ie r r i, qui excita S . Bernard
à écrire contre Abailard, ôe qui le réfuta lui-
même*, écrivit auffi un traité de l'euchariftie qu’il
envoya à S. Bernard pour l’examiner Sc le corriger
avant que de le mettre en lumière. Son deflein étoit
de comparer les authoritez des peres fur ce fujet Ô£ de
recueillir leurs partages, principalement ceux de faint
Auguftin dont quelques perfonnes étoient troublées.
Surquôi il dit entre autres choies : Parce que depuis
le commencement de l’églife , prefque jufques à notre
tems, perfonne n’a touché cette queftion : les peres
ne défendoient point ce qui n’étoit point attaqué t:
feulement dans leurs traitez,ils en difoient ce que dte-
An . 1 i ^ q;
ap. Petr. Clun0
v 1 . ep. z.
ap.Abailprufï
Svp. liv.TjXiv.'n,
^.LXIy. KoJio ..
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Guillaume de:
Sé Thierri.
B ibl.Cifl.tom^