
r8o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e !
vous croïez que votre puiffance foit diminuée en ce
A n , ii it). qu.’il ne vous fera plus permis de vendre les évêchez,
yous devriez plutôt compter pour un avantagé de
renoncer à ce que Dieu vous défend.
L ’empereur n’aïant rien à répondre, commença à
parler plus doucement, & à demander un délai du
moins jufqu’au lendemain : difant qu’il en vouloit
conférer cette nuit avec fes barons, pour les porter,
s’il p ouvoit, à confentir l’execution de fa promcffe}
8c qu’il rendroit réponfe dès le grand matin. Enfuite
fes gens commencèrent à conférer avec ceux du pape
fur la manière, de l’abfolution 8c de la réception : di-
farit qu’il leur feroit bien dur fi leur maître y venoit
nuds pieds comme les autres. Les députez du pape répondirent
qu’ils ferojent tout leur poifible pour engager
le pape à recevoir l’empereur chauffé, 8c le plus
en particulier qu’il pourroit. La conférence finit ainfî
ce jour-là, & les députez retournèrent en faire leur
rapport au pape. Il defcfperoit de la paix , 8c vouloit
dès le matin retourner à Reims ; mais par le confeil
du comte deTroïes Si de plufieurs autres., il confentit
de demeurer le lendemain famedi jufques vers le midi,
afin d’ ôter toute exeufe aux Allemans.
Dès le grand matin l’évêque de Chaalons & l’abbé
de Clugni retournèrent fçavoir la réponfe de l’empereur,
L’évèque lui dit ; Nous pouvions dès h ie r ,
leigneur, nous retirer avec ju f tk e , puifque nous
avons été prêts an jour nommé d’accomplir notre
promeife : mais nous n’avons pas voulu pour le délai
d’une n u it, manquer un aufli grand bien qu’eft la
paix ; & fi vous voulez accomplir aujourd’hui votre
jpromcife > lç pape eif encore prêt d’accomplir la
L i v r e s o i x a n t e - s e p t i e ’ m e . 181
fienne. Alors l’empereur en colere demanda encore
un délai, jufqu’à ce qu’il pût tenir une diete generale
avec les feigneurs de fon roiaume , fans le confeil
defquels il n’ofoit renoncer aux inveftitures. Maisl’é-
vêque lui déclara qu’il ne vouloit plus avoir affaire à
lu i, 8c s’en retourna fans prendre congé. Sur fon rapport
le pape paffaen grande diligence à un autre château
du comte de Troïes. L’empereur envoïa prier
inftamment le comte de retenir en ce lieu le pape
pendant le dimanche : promettant abfolument d exe*
cuter le lundi ce qu’il avoit refufé. Mais le. pape répondit
: J’ai fait par le defir de la paix , ce qui n a jamais
été fait, que je fçache, par aucun de mes prede-
ceffeurs : j’ai quitté un concile général affemble , 8c
j’ài pris beaucoup de peine pour venir trouver cet
homme, en qui je n’ai point trouvé de difpofition a
la paix. C ’eft pourquoi je n’attendrai pas davantage.
Si pendant le concile ou après, Dieu nous donne une
véritable paix , je ferai toujours prêt de la recevoir a
bras ouverts. Il partit donc le dimanche avant le jour,
8c marcha avec tant de diligence , qu’après avoir fait
vingt lieues il arriva le même jour a Reims , 8c y célébra
la meffe.
Pendant les quatre jours de fon abfence,les prélats
aiTemblez pour le concile , n’étoient pas contens de
demeurer fans rien faire : principalement ceux qui
étant venus par fon ordre des païs éloignez , 8c aïant
quitté leurs affaires particulières, faifoient durant ce
fejour de la dépenfe inutile. Enfin il revint le dimanche
vingt-fixiéme d’0£tobre,& le même jour il
facra évêque de Liege Frideric, frere du comte de Na-
mur. Il avoit un compétiteur ; fçavoir Alexandre tre-
Tome X IV . N n
A n . in y .
vu.
Frideric évêque
de Liege.
ta. x. conc.p. 880»
ex hi(t. Chapea-
v iile . ■