
yyo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
lun , où il devoit baptifcr lui-même les jeunes garn
i ; . eons, dans les deux autres, des prêtres dévoient bap-
tifer féparément les hommes & les femmes. Ces bap-
tifteres étoient de grandes tonnes enfoncées en terre j
de forte que leur bord vîn t environ au genou de ceux
qui étoient dehors, & qu’il fût aifé d’y defeendre
quand elles étoient pleines d’eau. Elles étoient entour-
rées de rideaux foutenus de petites colomnes ; & à
l’endroit od devoit être le prêtre avec fes miniftres,
il y avoit encore un linge foutenu d’u n co rd on , afin
de pourvoir en tout à la modeftie ; & qu’en cette
aéfcion fi fainte il ne fe pafsât rien qui pût choquer
la bienféance, ni en détourner les perfonnes les plus
honnêtes.
Quand donc ce peuple vint pour recevoir le baptême
, l’évêque leur fit une exhortation convenable.,
puis aïant mis les hommes à droite , les femmes à
gauche , il leur fit l’on&ion des catecumenes, & les
envoïa aux baptifteres. Chacun y venoit avec fon
parrain feulement, à qui en entrant fous le rideau il
donnoit fon cierge & l’habit dont il étoit revêtu ,
que le parrain tenoit devant fon vifage , jufqu a ce
que le baptifé fortît de l’eau. Le prêtre de fon côté
f i- tô t qu’il s’appercevoit que quelqu’un étoit dans
l ’eau, détournoit un peu le rideau, 6c baptifoitleca-
tecumene, en lui plongeant trois fois la tête : puis il
lui faifoit l’onftion du faint chrême , lui préfentoit
l’habit blanc, & lui difoit de fortir de l’eau : après
quoi le parrain le couvroit de l’habit qu’il tenoit, 5c
l’emmenoit. En hiver le baptême fe donnoit avec de
l’eau chaude dans des étuves parfumées d’encens &
d’autres odeurs ; 6c c’eft ajnfi que l ’on baptifoit par
t
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iminerfion, gardant en tout l’honnêteté & la modeftie
chrétienne.
Otton 6c fes difciples demeurèrent à Pirits environ
trois femaines , inftruiiànt les néophytes de
tous les devoirs de la religion , de l’obfervarion des
fê te s , du dimanche 6c du vendredi, des jeûnes du
carême, des quatre-tems & des vigiles. Il eft dit
dans une piece du tems, qu’il leur défendit de manger
du fa n g , ou des animaux fuffoquez. Ne pouvant
fi promptement bâtir une églife , il fe contenta de
dreifer un fanôtuaire , 6c y confacrer un autel , où
il ordonna de celebrer la meife en attendant : leur
donnant un prêtre avec des livres, un calice 6c les
autres meubles neceifaires. Ce que les nouveaux fidèles
qui étoient environ fept mille, reçurent avec
une joie & une dévotion merveilleufe, rejettant toutes
leurs anciennes fuperftitions. Avant que de les quitter
le faint évêque leur fit unfermon, où il les exhorta à
demeurer fermes dans la fo i, fans jamais retourner à
l ’idolâtrie ; & leur expliqua fommairement la doctrine
des fept facremcns, qu’il met en cet ordre: le
baptême , la confirmation , l ’onétion des malades ,
l ’euchariftie, la penitence, le mariage, l ’ordre. Il recommande
de faire baptifer les enfans par les mains
des prêtres au tems convenable, c’eft-à-dire à Pâque
6c à la Pentecôte , parce que quiconque meurt fans
baptême eft privé du roïaume de Dieu , 6c fouffre
éternellement la pfeine du péché originel. Il recommande
d’entendre fouvent la meife , & de communier
au moins trois ou quatre fois l’année. A l’occa-
fion du mariage il défend la pluralité des femmes ,
qui étoit en uiage parmi ces peuples, & de tuer les
A n . n i ; .
c. 8.
ab. 'Vrffrtrg. art*
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