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¿48 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
Evervin exhorte S. Bernard à écrire contre ces erreurs,
2c ajoute: Ceux qui font revenus à l’églife
nous ont di t , qu’ils ont une grande multitude répandue
prèfque par tout le monde, même plusieurs de nos
clercs 8c de nos moiues; 8c ceux qui ont été brûlez
nous ont dit pour leur dcfenfe , que cette héréfie eft
demeurée cachée en Grece 8c en d’autres païs depuis
le tems des martyrs. Les uns ont leur pape , les autres
ne reconnoiiTent ni notre pape ni aucun autre. Ils fe
nomment apoftoliques, 8c mènent avec eux des femmes
qu’ils prétendent être continentes, à l'exemple,
difent ils, de cellesqui Envoient les apôtres. On voit
par ce r é c i t , que ces hérétiques de Cologne étoient
des Manichéens, auffibien que ceux d’Ivoi 2c ceux
d’Anvers dont j ’ai parlé en leurs tems.
Pour fatisfaire à la priere d’Evervin S. Bernard fit
deux fermons contre ces heretiques, en continuant
fon explication du cantique. Il releve d’abord le foin
qu’ils avoientdejfe cacher, jufques à y employer le
parjure , eux qui d’ailleurs condamnoient toute forte
de ferment. Un faux catholique, d i t - i l , nuit beaucoup
plus qu’un hérétique découvert ; 2c après avoir
décrit l’hypoctifie de ceux-c i , qui à l’extérieur pa-
roilfoient irrépréhenfibles dans la foi 2c dans les
moeurs : Ilinfifte fur ce qu’ils avoient tous avec eux
des femmes, qui n’étoientni leurs époufes ni leurs
proches parentes ; 2c montre que quand ils garde-
roient la continence, comme ils prétendoient, ils
pécheroient toujours par le fcandale. Au refte, dit-il,
ce font des gens ruftiques 2c fans lettres, 2c qui ne
perfuadent que des femmes ignorantes comme eux.
Je ne leur ai rien oui dire de nouveau, mais feule-
: nient
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ment ce qui a été avancé par les anciens heretiques,
examiné long-tems 2c refuté par nos doiteurs.
Dans le fermon fuivant , S. Bernard montre que
ces heretiques font ceux qui ont été prédits par faint
Paul : ces hypocrites qui défendront de femarier, 8c
qui ordonneront de s’abftenir des viandes que Dieu
a créées, pour être prifes avecadion degraces. Otez,
dit-il, de l’églife le mariage, vous la rempliifez de
concubinaires, d inceftueux 2c d’impudiques de toutes
les efpeces les plus abominables : choifiiTez ou de
fauver tous ces monftres, ou de réduire le falut au
nombre fi petit des vrais continens. il combat aulfi
ceux, qui reduifoient le mariage aux perfonnes vierges
: par l’autorité de S. Paul, qui permet aux -veuves
de fe marier, 2c l’ordonne même en cercains cas.
Quant à l'abftinence des viandes,il dit : Ils font heretiques,
non parce qu'ils s’en abftiennent, maispar-
ce qu’ils s’en abftiennent par fuperftition. Car je m’en
abftiens auiîi quelquefois, mais c eft en fatisfadion
de mes pechez. Blâmons - nous S. Paul , qui châtie
fon corps 2c le réduit en fervitude ? Et enfuite : Si
cette abftinence vient des préceptes de la medecine,
nous ne condamnons point un foin raifonnable de la
fanté : fi elle vient des maximes de la vie fpiricuelle,
nous l’approuvons, comme un moyen de dompter la
chair: mais fi elle vient de l’extravagance de Manès,
qui déclare immonde quelque créature de Dieu, c’eit
un blasfême queje dételle.
Il montre enfuite , que ces heretiques s’attribuent
à faux le nom d’apoftoliques 2c de véritable églife :
parce qu ils font cachez 8c en petit nombre au lieu
que 1’églife eft répandue par tout le monde 8c toû-
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1. Tfrw. 1 Y. 1•
i . Cor• v u .
1. Tim. v . 14.
1 »Cor. ix . 17» j