
A n. 11.42,, alors le prince devoir être écouté comme un autre,1
Et parce que le roi avoir défendu à l’archevêque
* Pierre l’entrée de toutes les,'terres de fon obéïffanee-,
le pape les mit toutes en interdit, défendant d’y célébrer
l’office divin.
Thibaud comte de Champagne .qui avoit de
grandes terres en Berri, prit fous fa protëélion l’archevêque
Pierre ,. en forte que toutes les églifes lui
obéïffoient. Mais le roi irrité aiTembla fes vaffaux,
8c porta la guerre en Champagne , où la ville de
Vitri fut hrûlée avec une grande multitude de peuple
de tout fexe 8C de tout âge. il fe joignit un autre
fujet de diviilon entre ces princes. Raoul
wn.Tmn.to. comte de Vermandois voulant époufer Petronille
fccur de la reine Alienor : fie déclarer nul fon mariage
avec la niece du comte de Champagne , fous prétexte
de parenté ; 8c pour cet effet Simon évêque de
No.yon , frere du comte Raoul , Barthelemi évêque
de Laon 8c Pierre de. Senlis, témoignèrent par ferment
, que le comte ôt la comteffeétoient fi proches
parens, que leur mariage ne pouvoir fubfifter, après
quoi le comte Raoul époufa Petronille. Le comte
de Champagne en porta fes plaintes au pape Inno-
îiî. cent & Bernard lui écrivant fur le même fujet »
ne manqua pas.de faire valoir la proteélion que ce
prince donnoit à l’archevêque de Bourges. Sur ces
plaintes le pape fit excommunier le comte de Vet-
- mandois par Le cardinal Ives fon, légat en France,
qui avoic été chanoine régulier de S. Viélor i les terres
de ce comte turent miles, en interdit ,. 8c les trois
évêques fes complices furent fufpendus de leurs fon,-
étions mais le. comte de Champagne preffé par la
L i v r e S o i x a n t e - H u i t i e’m e . 581
guerre qui defoloit fon pays, fut réduit à promettre
par ferment, qu’il teroic révoquer cette cenfure-, ôc
S. Bernard fe joignit encore â lui pour le demander
au pape : difanc qu il lui feroic facile d’excommunier
de nouveau le comte de Vermandois, s’il ne te-
noit pas fa parole.
Le roi lâchant que ce comte qu’il avoir pris fous
fa protedion étoit menacé d’une fécondé excommunication
: fe plaignit de S. Bernard , qui avoit été médiateur
de cette paix avec Hugues évêque d’Auxérre :
& lui fit écrire de l’empêcher, â caufe des maux qui
en pou voient fuivre. Le faint abbé lui répondit :
Quand je le pourrais faire, je ne voi pas que je le
pufle raisonnablement. Je fuis affligé des maux qui
en pourraient arriver : mais nous ne devons pas faire
un mal, afin qu’il en arrive du bien. Lt à la fin il
ajoute : Ne refiliez pas, fire, fi ouvertement â votre
roi, au créateur de l’univers dans fon royaume Sc
fon domaine ; ôc n’ayez pas la témérité d’étendre la
main fi fouvent contre celui qui ôte la vie aux princes
ôc qui eil terrible aux rois de la terre. Je parle fortement,
parce que je crains pour vous de plus fortes
punitions ; je ne les craindrois pas tant, fi je vous ai-
mois moins.
Quelque vive que fût cette lettre , S Bernard en
écrivit encore une plus forte au rai fur le même fujet
: ou il lui reproche de fuivre des confeils diaboliques
,ôcde violer lapaix conclue l’annéepreceden-
te,en renouvellant les incendies,les homicides ôc toutes
les horreurs de la guerre : puis il ajoute. : Mais de
quelque maniéré que vous difpofiez de votre royau-
ttie&de votreamc, nous autres enfans de. l’églile, Étr
D d d d ii j.
An, i 1 4 1 ,
LXXIX.-
Lettre de S».
Bernard pour-
l’archevêque
de Bourges.
Ep. n o»