
A n . 1115.
xvi.
Le pape Callifte
à Rome.
E andulf. ap,
JBaro».
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*p. Eginon. to. 1.
Ç a n if.p ' 24*0.
198 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . 1
titre fans effet : n'étant fondée que fur cette bulle de'
Callifte II. donnée fur defaufles fuppofitions, &fans
appeller les parties intereifécs : elle a feulement opéré
que les évêchez de Die & de Viviers ont été diftraits
de la métropole d’Arles , & attribuez à celle de
Vienne, fuivant le dénombrement de fes fuffragans
contenu en cette bulle.
Callifte II. continuant fon voïage, vint à Mague-
lone ou Montpellier, & de-là àfaint Gilles ; & aïant
traverfé la Provence , il paffa les Alpes & entra en
Lombardie , où le peuple accourant de toutes parts,
le reçut comme vrai pape avec une grande dévotion:
de-là il paffa en Tofcane. Comme il approchoit de
Luques, la milice vint au-devant de lu i, &c il fut
conduit par le clergé &c le peuple à l’églife & au palais.
A Pife il fut reçu de même en proceffion , &c
dédia folemnellement la grande é|life. La nouvelle
de fon arrivée étant venue à Rome, toute la ville en
eût une grande joie & un grand defir de le recevoir,
ce qui épouvanta les fchifmatiques qui y tenoient
le parti de l’empereur ; & l’antipape Bourdin ne fe
trouvant plus en sûreté , s’enfuit à Sutri qu’il avoit
ôtée à Pierre de Lé o n , & s’enferma dans la forte-
reffe , attendant le fecours de ce prince. La milice
de Rome vint jufqu’à trois journées au-devant du
pape Callifte ; & quand il approcha de la ville , les
enfans portant des branches de toutes fortes d’arbres,
le reçurent avec des acclamations de louanges. Il
entra couronné dans la ville , dont les ruës étoient
richement tapiffées. Les Grecs & les Latins chan-
toient de concert, & les Juifs mêmes y applaudif-
foient. Les procédions étoient fi nombreufes, qu’elles
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L i v r e s o i x a n t e-s e p t i e’m e . 199
durèrent depuis le matin jufqu a quatre heures après '
midi ; & enfin le pape fut conduit par les juges en A n . n io .
chantant au palais de Latran fuivant la coutume.
C ’étoit le troifiéme de Juin ; & le pape demeura à
Rome au moins le refte du mois , recevant tout le
monde avec une affabilité & une grâce digne de fa
naiffance. Mais comme il avoit befoin de troupes
pour forcer l’antipape àfefoumettre,il alla en Pouille
chercher le fecours des Normans. Il vint première- 6 ¡Sri
■ment au M ont-Ca fïin, ou il fut défraie libéralement
par l’abbé, non-feulement tant qu’il y fut, mais pendant
environ deux mois qu’il demeura dans le pars.
De-là il paffa à Benevent, où Guillaume duc de Poüille cf>r.
& de Calabre vint le trouver, & lui fit hommage lige,
comme Robert Guichard fon aïeul & Roger fon pere
l ’avoient fait aux papes précedens ; & Callifte lui
donna l’inveftiture de tout le païs par l’étendart. Le
pape demeura long - tems à Benevent fans pouvoir GogTr yi„icc. vJ
•revenir à Rome , parce qu’il n’y avoit pas de sûreté : '?■ 3‘
les fchifmatiques arrêtoient même ceux qui l ’alloient
trouver, & les tuoient ou les mutiloient. Enfin il
retourna à Rome par mer , &c y célébra la fête de pw«î/,
Pâques de l’année 1111.
Cependant S. Norbert avoit pafïé l’hiver chez l’é- x v i t .
vêque de Laon , qui le mena en plufieurs endroits de Prémom^n
fon diocefe chercher une folituae. Il choifit celle de
Premontré , où il y avoit déjà une petite chapelle de *°n- fi
C ’ _ . t *. l i f t i f * . • to% iaint Jean , dépendante de l’abbaye de faint Vincent
de Laon , mais prefque abandonnée à caufe de la fte-
rilité du lieu. L ’évêque & Norbert y entrèrent pour
prier ; & l’évêque voyant qu’il fefaifoit tard , avertit
Norbert de fe lever , parce qu’il falloir aller loger à
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