
60 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— Et ne vous arrêtez pas à ce que l’on a dit malicieu-
• II0J- fement au roi de la condition fervile des parens de
Galon : car fa naiffance eft honnête quoique médiocre
, & il n’y a homme vivant qui puifle prouver
qu’elle foit fervile.
ttif ¡04. Ives écrivit àuffi fur ce fujet au pape Pafcal en ces
termes : La plus faine partie du clergé de Beauvais,
de l’avis des feigneurs & du confentement du peuple,
a élu pour évêque Galon, homme d’une vie exemplaire
, inftruit des bonnes lettres & de la difciplinc
de l’églife. Quelques-uns toutefois du parti d’Eftienne.
quiaétérefufé, & qu’il avoit gagnez par des fourrures,
précieufes & d’autres préfens femblables , n’ont pas
voulu confentir à cette élection : quoiqu’ils ne puif-
fent alléguer aucune caufe canonique. Ils fe font
adreffez au r o i, & lui ont fait entendre que Galon
eft mon difciple & mon éleve -, & que ce lui feroit un
grand adverlaire, fi jamais il étoit évêque dans fon.
roïaume. Le roi ainfi prévenu , ne veut point confentir
à l’élection , ni délivrer à l’élu les biens de l’é-
vêché. C ’eft que le roi étoit en poffciïlon de ces biens,
pendant la vacance du fiege. Ives continué : Les
électeurs auroient déjà eu recours à votre fainteté ,
fi leur métropolitain ne les retenoit , leur aïant
donné jour avec les oppofans pour les accorder à ce
que l’on dit; mais peut-être veut-il adroitement empêcher
la chofe fuivant l’intention du roi. C ’eft à
vous, faint Pere , à emploïer votre autorité pour fou-
tenir ces clercs fuivant la juftice de leurs demandes,
& continuer avec fermeté comme vous avez.com-
fffl l0J mencé. Dans une autre lettre au pape il ajoute que 1er
roi avoit fait ferment que jamais de fon vivant Galou
ne feroit évêque de Beauvais. Si un tel ferment, dit- ■--------- j----
I l peut annuller uneéleition canonique , il n’y aura A N. 1103.
plus en France que des intrufions fimoniaques ou
violentes.
Anfelme écrivit auifi au pape en faveur de Galon, UI'eP‘fi-<’■
à la priere de l’églife de Beauvais, dont il avoit connu
le trifte état du tems qu’il étoit au Bec ; & il rendit
témoignage qu’on ne pouvoit trouver pour ce fiege
un meilleur fujet. Galon fut en effet facré évêque de
Beauvais, mais le roi trop fidele à fon ferment, ne
voulut jamais l’y fouffrir. Ce prélat alla à R om e ,
comme il paroît par une lettre d’Ives de Chartres au etiil- 1!*v
pape Pafcal, où il parle ainfi : Il y a des pecheurs ,
qui lorfque nous les voulons corriger & les tirer de
leurs habitudes criminelles, nous apportent des lettres ,
du faint fiege, furprifes par je ne fpai quels artifices,
pour fe défendre de nous obéir : ce qui produit dans
l ’églife un mépris des commandemens de Dieu &
une corruption des moeurs qui ne fe peut exprimer.
Et ce qui eft de plus trifte, c’eft que ces hommes corrompus
font écoutez favorablement par les colomnes
mêmes de l’églife , quand ils veulent calomnier les
gens de bien. Ainfi defefperant prcfque de faire aucun
fru it, nous penfons fouvent à nous décharger de l’é-
pifcopat ; & dans le deffein de vous entretenir fur ce
fujet & fur plufieurs autres, nous fommes venus
quafi jufqu’aux Alpes. Mais fçachant qu’on nous y
dreffoit des embûches, nous avons furfis notre voïage;.
& nous vous envoïons notre confrere levêque Galon
qui eft plus propre à fe cacher dans les lieux dangereux.
Nous avons, mis nos paroles en fa bouche,
afin qu’après l’avoir écouté tant fur fes befoins que.
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