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Evêché de
'Tournai.
Narrat- Tom
nue.Spicil. tom
i 14 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
leurs tréfors, & leurs revenus diftipez. Il leurrepre-
f e n t e les maux deladivifion entre les citoyens, les pa-
rensôc les proches, & finit en les exhortant à fe reconcilier
à Dieu, aux apôtres & à leurs autres faints protecteurs.
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Cette lettre eft toute pathétique; & S. Bernard n y
traite point la queftion contre les Arnaudiftes, a qui il I
falloir, cerne iemble, prouver en général, que la fei-
o-neurie temporele n elt pas incompatible avec la puif-
fance fpirituelle ; Si en particulier que le pape etoit légitimé
fuccefleur de Rome : mais il ne paroîtpas que
perfonne doutât alors de la donation de Conftantin.
Le S. abbé écrivit de même au roi Conrad, appuyant
fur la concorde qui doit regner entre le royaume & le
facerdoce ; & l’exhortant à protéger l’églife , 8c a réprimer
l’infolence ôc la témérité des Romains. I
Pendant que le pape Eugene étoit réfugié au delà I
du Tibre, il termina l'affaire qui duroit depuis fi I
• long-tems pour le retabliiîement de 1 eveche deTour- I
’ nai. Les chanoines de cette eglife ayant appris com- I
bien le nouveau pape étoit defintereffé > le firent in- I
ftruire de leur affaire, 8t lui demandèrent ia refolu-1
tion. Il répondit, qu’il feroit tout ce que lui en man-
deroitl’abbé de.Clairvaux. Les chanoines ayant reçu
les lettres de S. Bernard, les envoyèrent à Rome pat
leurs députez, dont le chef étoit Letbert. Il expliqua
au pape toute l’affaire ,1e fuppliant de la terminer;
& comme le pape vouloir lui donner des lettres en
vertu defquelles on feroit à Tournai une nouvelle
éleCtion : Letbert répondit qu’il ne fe chargeoit jamais
de telles lettres, mais que fi le pape.vouloit lui
donner de fa main un évêque tout facré il- retourne-
L i v r e S o i x a n t e - N e u v i e ’m e . <?ij
roit avec lui, &c qu’il feroit reçu à Tournai avec l’honneur
convenable. Le pape cédant enfin aux inftarices
Sia la fermeté de Letbert, lui demanda qui dans fa
cour il vouloir choifir pour évêque. Letbert s’en rapporta
au pape, qui affembla les cardinaux5c leur en
demanda leur avis. Anfelme abbé de faint Vincent de
Laon, Sc auparavant moine de faint Medard de Soif-
fons, étoit venu à Rome pour quelques affaires de
fou églife; & il étoit très-connu à la cour du pape,
I qui le nomma pour évêque de Tournai. Letbert &c
I les autres députez l’élurent auifi-tôt Sc le préfente-
I rent au pape pour le facrer. Anfelme s’en défendit,
I difant qu’il étoit attaqué d’une infirmité confidéra-
I ble, ôc qu’il devoit plutôt fonger à la mort qu’à l’é-
I pifeopat :mais le pape perfifia, l’obligea àfe foûmet-
I tre par l’obéïifance, & le facra folemnellement le qua-
I triéme dimanche de carême , qui cette année M4<i.
I étoit le dixième jour de Mars. Enfuite il fitexpedier
I plufieurs lettres en fa faveur. La première adreiféeau
I clergé & au peuple de Tournai, par laquelle il leur
I ordonne de le reconnoîtrepour évêque, & les abfout
I du ferment de fidélité, ou d’obéïffance qu’ils pour-
|i; roient avoir fait à l’évêque de Noyon. La fécondé
| lettre eft adreifée au roi de France pour l’exhorter à
reconnoître &c protéger le nouvel évêque de Tournai.
Ces deux lettres font du quinzième de Mars. Le pape
: éccivit aufli pour ce fujet à Thierri comte de Flandres,
à Simon évêque de Noyon , à Samfon archevêque
de Rheims, &c aux autres évêques de la prov
in c e . Ces lettres eurent leur effet, & Anfelme
I fut reçu fans oppofition dans le fiege de Tournai.
Ainfi fut terminée cette grande affaire commencée
A n. i 14Î.
F. Herman*
de mirac. lib. n .
C.
G uib.
Eug, ep. 6 3. 64.
ex to. 5. Spicil,
p. 565.
Sup.ftv, I X I V .
n, 48,