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A n . i i 37* nir aux environs de Rome, 8c de rétablir Robert
dans fa principauté de Capouë ; car l’empereur a voie
Tcfoïu cependant d’aller dans la marche d’Ancone,
m» ai. h. Le pape avoit écrit à S Bernard de venir au fecours
». 7. n. 41. de i'é glife , Sc les cardinaux avoient joint leurs prières
: en iorte qu’il ne put fe difpenfer de faire un
troifiérne voyage en Italie. Il falut donc interrompre
fes fermons fur le cantique 8e fes autres occupations.
En partant il affembla fes moines de plufieurs endroits,
leur prefenta l’état de l’églife '& la foibleffe
du fchifme, les exhortant à prier pour achever de
l’abatre, 8c à conferver la régularité pendant fon ab-
Ser 16 rn cm. fence- Etant arrivé en Italie il vint trouver le pape à
». 14. Viterbe , où il penfa perdre fon frere Girard, qui
l ’avoit accompagné, & qui fut malade à la mort.
Le pape 8e les cardinaux ayant communiqué à
nun. 4t, Bernard leur deiTeinfur l’affaire prefente, il fut d’avis
de la conduire par une autre voye , ne mettant
point fon efperance dans la force des armees. Il
s’informa par diverfes converfations, quelle étoit
la puiffance des fchifmatiques, 8e la difpofition de
leurs protecteurs : fi c’étoic par erreur, ou par malice
, qu’ ils entretenoient ce mal. Il aprit de ceux
qu’il entretint en particulier , que les ecclefiaftf-
ques attachez à l’anti-pape étoient en peine de leur
firuation; qu’ils connoiifoienr bien leur faute, mais
qu’ils n’ofoient revenir, de peur de fe voir méprifez
& couverts d’infamie: aimant mieux demeurer ainfi
fous une ombre d’honneur, qu’être ehaffez de leurs
fieges, Sc expofez à mandier publiquement. Les pa-
rens de Pierre d ifoient, que perfonne ne fe fieroit plus
à eux, s’ils contribooient à la ruine de leur maifon 8e
L i v r e So i x a n t e - H u i t i e ’me. 495 — .
en abandonnoient le chef. Les autres s’exeufoient fur AN.1137.
le ierment de fidélité qu’ils lui avoient prêté; éi perfonne
ne s’attachoit à ce parti , par un vrai m o tif de
confcience.
Bernard leur déclaroir, que les confpirations cri-
nîintlles contraires aux loix ôc aux canons * ne pou-
voient être autorifées par les fermens, ni fou te nues
fous prétexte de religion, puifque l’autorité divine
oblige à les diffoudre. Ces difeours retiraient plu*
fieurs peffonnes du parti de Pierre , qui fe dilfipoit
de jour en jour'.lui-même perdoit courage voyant
augmenter le crédit d’innocent, à mefure que le fien
diminuoit. L’argent lui manquoit , on voyoit fondre
fa cour Se fes domcftiques » fa table peu fréquentée
, n’était plus forvie que de viandes communes ;
fes officiers n’avoienc plus que de vieux habits ; ceux
qu’il tenoic à fes g a g e s , étoient maigres 8c chargez
dç dettes : la trille image de fo maifon montrait fo
ruine prochaine.
Apres la conférence avec l’empereur à Virerbe le xxxvm:
pape s’approcha de Rome., fans toutefois y vouloir r empereur'en
entrer , pour ne pas s’embaraffer dans les affaires des CamPan!c-
Romains: mais il fournit à fon obéïffance la ville c ’ Benev'
d’Albane 8e toute la Campanie. Le due Henri gen- c. IT‘
dre de l’empereur étoit avec lui ; 8c comme ils fo
trouvèrent près du mont Caflin , ils y envoyèrent
Richard chapelain du pape 8e moine de cette abbaye;
favoir fi on les y vouloir recevoir , 8e reconnokre le
pape Innocent, auquel cas ils mettoient le monaftere
fouis la protection de l’empereur. L’abbé Rainald ,
qui s’étoit livré au roi Roger 8e à l’anti-pape, réfifta
d’abord, 8e chaffa l’envoïé du pape : mais au bout de