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dur & honteux aü roi fon maître de perdre les avan-
A n . 1103. tages de fes prédeceffeurs, & que les Romains mêmes;
en fouffriroient un préjudice notable qu’ils ne répa-
reroient pas quand ils le voudroient.
C e dilcours toucha quelques-uns des Romains qui:
fe déclarèrent hautement pour le roi. Anfelme gar-
doit le filence attendant le jugement du pape ; &
Guillaume croïant qu’il alloit prononcer en la faveur,
ajouta : Quoique l’on dife de part ou d’autre, je veux
que tous les aififtans fçachent que le roi mon maître
ne fôuffrira point qu’on lui ôte les inveftitures quand-
il en devroit perdre fon roïaumc. Alors le pape dit Si
Sçachez a u ili, je le dis devant Dieu,, que le pape
Pafcalne lui permettra jamais de les garder impunément
, lui en dût-il coûter la tète. Les Romains applaudirent
à ce- difeours , & par leur confeil le pape
accorda au roi d’Angleterre quelques ufages de Ces
prédcceffeurs, lui défendant abfolument les invefti-
tures des églifes, 8c le déchargea de l’excommunication
prononcée par le pape Urbain, fans toutefois en
décharger ceux qui avoient reçu de lui les inveiti-
tures, ou qui les recevroient à l’avenir. Anfelme prit
enfuite congé du pape, qui lui donna une lettre con-
firmative des droits de fa primatie, dattée dufeiziéme
„.¡.a,»*.'?. 4f. de Novembre 1103.
Mais Guillaume de Varelvaft demeura à Rome
fous prétexte d’un voeu qu’il difoit^voir fait d’aller
à iaint Nicolas de Bari ; & en e ffe t, pour effaïer fî
en Pabfence d’Anfelme il pourroit faire changer au
pape de réfolution. Il n’y réuffit pas, & obtintfeule-
*p zadmey }. une lettré pour le roi d’Angleterre dattée du
Km*. t-*7- vingt-troifiéme de Novembre, où le pape témoiï
, I V R E S O I X A N T ï - C IN QJJ I E*M E . j ÿ
gnant à ce prince une amitié iinguliere, l’exhorte par
les motifs les plus preffans, principalement par fa A n . 1103.
propre gloire, à renoncer aux inveftitures, & à rap-
peller Anfelme, lui demandant Uhe promte réponfe.
Guillaume de Varelvaft rejoignit Anfelme à Plaifànce,
& vint avec lui jufqua L ion , où ils arrivèrent vers
N o ë l, & Anfelme s’y arrêta pour celebrer la fête.
Mais Guillaume voulut paffer o u tre , & lui dit en
partant : CoAime j’efperois que notre affaire auroit à
Rome un autre fuccès, j’ai différé jufqu’ici de vous
déclarer les ordres du roi. Sçachez donc que il vous
retournez en Angleterre dans le deffein de vivre avec
lui comme vos prédeceffeurs, il vous y recevra vo lontiers.
Anfelme répondit : N ’en dites pas davantage
, je vous entens. Ils ic feparerent ainfi ; & A n felme
demeura à Lion , honoré par l’archevêque
Hugues comme s’il eût étéi lui-même l’archevêque &
lefeigneur de la ville.
En Françe l’éle&ion d’Eftienne de Garlande pour xxix.
l’évêché de Beau vais aïant été caffée, comme j’ai d i t , deBcauTau!iguC
on élut à fa place Galon abbé de faint Quentin de la Su?- ”■ “■
même ville. Sur quoi Ives de Chartres, qui comme
enfant de leglifc de Beauvais, prenoit toujours Tes
intérêts, écrivit à Manaffés archevêque de Reims > Ivo epift. îôl*
pour le preffer de facrer Galon, dont il fçavoit que la
cour vouloit traverfer l’éleétion. Vousfçavez, dit-il,
que le huitième concile approuvé par l’églifc Romaine
, a défendu aux rois de fe mêler de l’élection
des évêques ; & que les rois de France Charles & Loüis,
ont accordé aux églifes ces élections , comme ils
l’ont écrit dans leurs capitulaires, & ont permis aux
évêques de l’ordonner dans les conciles provinciaux.